Les
fans d'House Of Lords sont possiblement de nature impatiente. Quand
on aime, parfois, on compte, et certains d'entre eux peuvent déjà -
les exigeants - trouver que quatorze mois sans entendre sur de
nouveaux titres l'impeccable voix de James Christian, ça commence à
tutoyer les calendes grecques. Qu'ils cessent de ronchonner , le
frontman a décidé, cinq ans après "Lay
It All On Me" son troisième opus solo, de satisfaire les goulus
appétits de ses nombreux suiveurs en sortant, en ce printemps 2018,
son dernier-né dénommé "Craving".
L'Américain
gravite depuis des décennies dans le petit monde du hard rock
mélodique. Aussi a-t-il pu se passer de conseils pour coucher sur
le papier les noms des associés talentueux potentiels dans l'art de
la composition avec qui il était opportun de travailler. Eh voilà
comment Tommy Denander (House Of Lords, Radioactive, AOR, Street
Talk, Phenomena...) et Alessandro Del Vecchio (Jorn, Silent Force,
Voodoo Circle...) se sont retrouvés précipités dans cette
entreprise.
L'approche
du hard rock que développe House Of Lords est ici forcément de
mise tant la voix du Maître laisse une empreinte indéniable sur
chaque morceau qu'il interprète. "Craving" est de ce fait un album
classieux. Cependant, Christian n'a pas choisi de suivre une carrière
solo en parallèle à celle qu'il assure avec son groupe fétiche
pour nous la refaire façon gémellaire.
Ainsi, les propos développés
sur les onze titres de cette œuvre sont moins musclés que ceux
auxquels nous sommes habitués avec House Of Lords.
Reste
que les mélodies qui parsèment ce "Craving" sont dans la droite ligne
de ce que nous connaissons des Américains, ce qui pourrait nous
emmener à étiqueter ce quatrième effort solo de leur frontman
comme un album de House Of Lords désénervé. Cependant, attention,
ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas ici d'un album gavé de
ballades sirupeuses et aux mid-tempi ramollos.
Pour
vous en convaincre il vous suffira d'écouter 'Heaven Is A Place In
Hell' qui ouvre le bal et qui, tout comme 'Black Wasn't Black' et 'Wild
Boys', pourrait trouver place sur un album de qui vous savez,
puissance et mélodies marquantes étant ici au pouvoir. Vous
pourriez également poser une oreille attentive sur deux morceaux où
Aerosmith n'est pas loin soit 'Sidewinder' et 'Craving', titre éponyme
dévoilant une power-ballade à la Tyler.
Pour
le reste du programme, sachez qu'il est composé d'AOR de qualité -
que n'auraient pas renié Stan Bush et Rick Springfield - avec 'Jesus Swept', 'Love Is The Answer', un 'I Won't Cry' bluesy et 'If There's A God',
mais également de deux ballades - on ne pouvait décemment pas y
échapper - qui vous lasseront probablement avant d'avoir invité à danser toutes
les filles de la soirée, mais qui restent agréables à l'oreille.
Les
amateurs d'House Of Lords n'auront pas besoin de cette chronique pour
être convaincus de l’intérêt de ce "Carving", mais il ne fait
aucun doute que cet album est tout à fait capable de plaire à un
parterre de mélomanes beaucoup plus étendu.