Bien que manquant encore d’une véritable personnalité, King Company avait cependant retenu l’attention des amateurs de hard rock et de metal mélodique avec son album "One For The Road" (2016). La qualité d’interprétation faisait partie de ses principaux points forts, et en particulier la voix chaude et puissante de Pasi Rantanen. Alors que ce dernier a eu des problèmes de santé avec son organe vocal et qu’il a fallu le remplacer par l’Italo-argentin Leonard F. Guillan sur la tournée de 2017, les inquiétudes se firent prégnantes. Toujours pas remis, l’ancien frontman de Thunderstone a fini par être remplacé définitivement par Guillan, se contentant d’un rôle de producteur vocal sur le nouvel opus intitulé "Queen Of Hearts".
Le changement est suffisamment important pour que nous nous y attardions car, sans que les qualités du nouveau chanteur soient remises en question, les amateurs de Pasi Rantanen vont devoir prendre sur eux. C’est un peu comme si Geddy Lee (Rush) remplaçait David Coverdale au sein de Whitesnake. Le choc est frontal et demande à la fois patience et tolérance aux fans du Finlandais pour réussir à accepter son remplaçant. Une fois ce détail non négligeable réglé, la suite mérite que l’on s’y intéresse, même si ce nouvel opus contient toujours son lot de points faibles. Il y a d’abord cette production très crunchy qui, si elle renforce le côté revival de l’identité du groupe, reste assez éloignée des jalons actuels et alourdit l’ensemble. Quant à l’habitude d’Antti Wirman de dégainer des soli hyper véloces, elle déclenche l’admiration autant qu’elle provoque parfois un peu d’agacement quand elle se fait aux dépens de l’émotion (‘Berlin’).
Rien de rédhibitoire cependant, d’autant que le quintet qui semblait hésiter sur la voie à suivre sur son précédent opus propose ici une identité plus affirmée. En dehors de quelques excursions sur des terres plus FM (‘Stars’), l’ensemble peut être résumé à la rencontre entre Deep Purple et Stratovarius. Parfois rapide et cinglante (‘Queen Of Hearts’, ‘Living In A Hurricane’, ‘Learn To Fly’), ou bien plus lourde et sombre (‘Under The Spell’), mélancolique (‘Berlin’) voire monumentale (‘Arrival’), la musique de King Company semble avoir trouvé sa place entre le hard rock et les mélodies du dinosaure britannique et le metal rutilant et majestueux de ses légendaires compatriotes. Il en résulte de nombreux titres accrocheurs, même si les paroles se voulant parfois fédératrices se révèlent plutôt hyper convenues (‘One Day Of Your Life’, ‘Never Say Goodbye’).
En affirmant un peu plus son identité, la formation finlandaise compense la perte de son chanteur d’origine et une production indigne de ses ambitions. Autant dire que ces défauts seront aisément corrigibles si Mirka Rantanen et sa troupe veulent s’en donner la peine. Le chant de Leonard F. Guillan finira bien par apprivoiser les fans de Pasi Rantanen et la production d’un album ne devrait pas être un problème dans un pays qui s’est fait une spécialité de travaux exemplaires en la matière.