Les musiciens de Bleeding Through sont de vieux routards qui proposent un metal extrême varié, qui même si à l'origine était affilié au metalcore, a rapidement dévié en incorporant une multitude de styles. Depuis leur dernier album et l'annonce de la fin probable du groupe, quatre années ont passé... Alors au fil du temps bien qu'annoncé comme morte, la formation aujourd'hui centrée autour de Brandan Schieppati, renaît de ses cendres, avec à la clé un nouvel album entre noirceur profane déroutante et espoir ténu dans le genre humain : "Love Will Kill All".
Dès lors ses vapeurs brumeuses opaques tissent une toile glauque et sombre qui invite petit à petit à s'immerger dans une obscurité paisible. Ainsi la première étape tout en recueillement ('Darkness A Feeling I Know'), débute par une litanie lancinante, comme une sorte de chœur tragique annonciateur des tourments à venir.
Puis passé cette mise en bouche grandiloquente, l'immersion dans un tableau impressionniste tourmenté débute avec des riffs qui grattent aux portes des enfers, un blast monumental, une voix d'outre-tombe qui prend aux tripes, un chant clair émouvant et des claviers aux sonorités effrayantes ('Fade Into Ash'). Déjà les éléments musicaux death et black s'unissent sur des partitions noires et arides, alors que les refrains aux mélodies glaciales et imparables font planer l'ombre de Scar Symmetry. S'ensuivent un 'End Us' gorgé de colère et de mélodies solides, un 'Cold World' qui fait monter la rage, se concentrant ainsi sur des giclées énergétiques brutes et brutales.
Enfin 'Set Me Free' expose une facette plus black où la batterie folle et les harmonies dissonantes sont légion, alors que 'Life ' tire une dernière salve saccadée de rythmes trépidants, comme une ultime défiance ou un dernier pied de nez aux étiquettes. Car après toute cette violence, les synthétiseurs et la voix caressent amoureusement les chairs maltraitées, contrebalançant ainsi les coups de boutoir puissants encaissés tout au long de la rondelle.
Ainsi "Love Will Kill All" injecte dans nos oreilles une dose de metal nerveux, teigneux et bruyant. La galette érige donc une musique passionnée entre death mélodique, black symphonique ou metalcore hargneux, et esquisse dès lors une sorte de panorama contemporain des variations métalliques extrêmes, tout en laissant filtrer une lumière éblouissante ténue, des fumerolles âcres ou un flot d'énergie noire bourré de puissance primale.