Comme prévu, Between The Buried And Me livre la seconde partie de son double album "Automata" quatre mois après la parution de la première partie. Si "Automata I" ne nous avait pas totalement convaincu, nous attendions la suite pour pouvoir juger de l'ensemble de l'œuvre.
"Automata I" débutait par le percutant 'Condamned To The Gallows', qui donnait le ton d'un album à l'approche plus aisée que de coutume, assez direct dans ses constructions et spontané dans l'énergie déployée, et se terminait sur un épique 'Blot'. 'The Proverbial Bellow' prend le relais de ce dernier et inaugure la seconde partie avec ses plus de treize minutes d'un metal progressif impressionnant de maîtrise. Les réserves que l'on mentionnait précédemment sont ici levées dès l'entame du disque avec une succession de riffs dynamiques bien trouvés, un agencement équilibré de multiples séquences complexes aux humeurs bipolaires, une vraie évolution tout au long du titre avec ses phases de repos et ses poussées de fièvre et une qualité harmonique qui passe par quelques belles percées mélodiques et une solide variété de chants de Tommy Rogers. Dès l'interlude à l'ambiance festive de 'Glide' avec son accordéon et son piano, se découvre une dimension absente du premier disque, la théâtralité.
Elle se déploie totalement dans un jubilatoire 'Voice Of Trespass' dans lequel on retrouve la fertilité débordante du quintet, porté par un Tommy Rogers en parfait interprète, avec ses sonorités de jazz manouche, sa grandiloquence avant-gardiste, sa virtuosité technique et ses contrastes tranchants incarnés par la partie death finale. Paradoxalement l'auditeur vient de s'avaler deux pavés de metal progressif particulièrement exigeants avec une facilité déconcertante, ce qui tend à prouver la grande fluidité de l'écriture de Between The Buried And Me dans ce "Automata II". Le final 'The Grid' ne fait qu'entériner ce constat avec un modèle de limpidité qui décline un brillant thème mélodique sous plusieurs tonalités, du metalcore le plus incandescent au folk le plus apaisant en passant par quelques prurits electro, qui finit par se condenser dans une montée à l'intensité émotionnelle subtile et raffinée (ponctuée par un sublime solo).
L'idée de départ de sortir deux albums courts à intervalle différé n'a pas toujours été une réussite, on pense à Coheed And Cambria en 2012 et 2013, mais on doit avouer que dans le cas de "Automata", le pari s'avère payant. En ne laissant que peu de temps entre les deux chapitres, les compositions du premier disque demeurent largement dans les mémoires et en proposant deux contenus assez distincts, l'opportunité de sortir deux albums gagne en crédibilité. L’écueil aurait pu être une œuvre hétérogène mais Between The Buried And Me accouche de deux albums qui se complètent mutuellement. Les Américains étonnent par leur capacité à avoir su faire évoluer leur musique en la rendant plus accessible sans renier leur nature profonde d'être constamment à la recherche d'originalité et de sophistication.