Steve Amber ! Ne cherchez pas la biographie de ce musicien au nom fleurant bon l'Amérique sur Google. Derrière ce patronyme -imaginaire de surcroit - se cachent quelques amis bretons qui avaient envie de brouiller les pistes. Après une première participation au tremplin Guitare en Scène, les amis s’attellent à la confection de leur second EP au nom enchanteur ''From A Temple On The Hill''.
Nous ne cessons - et ne cesserons - de le dire, à la manière d'un célèbre poème de Charles Baudelaire, l'écoute d'un album de musique ne doit être qu´une nouvelle invitation au voyage, un voyage dans le temps, dans l'espace voire astral. S'il n'en est pas l'incarnation la plus aboutie (même si sa durée de 29 minutes pourrait en faire un court album), "From A Temple On The Hill" ne déroge guère à cette règle. Placé en éclaireur, 'Dust' esquisse la carte du monde que nous allons explorer : sur un rythme lancinant sur lequel remuent quelques saillies de guitare, nous suivons une piste rock indie. Certes ne seront pas épargnés les clichés relatifs au genre, rythme certes reposant mais cruellement répétitif, voix lointaine et mélancolique (pour ne pas dire gémissante) comme on le retrouvera plus tard sur 'The Self As The Wave'.
A ce stade de la chronique, la réflexion serait amère : encore un énième groupe d´indie rock qui répète une formule usée jusqu'à la corde tout en se persuadant être original ! Mais alors pourquoi avoir mis en avant des réflexions préliminaires quant au voyage musical ? "From A Temple On The Hill" utilise ces deux morceaux cités plus haut comme piste de décollage et piste d'aterrisage d'un voyage qui est loin d'être éreintant. L'envol vers le sommet a lieu avec ´At Road´s End´ (qui n'est pourtant pas la conclusion de l'album). Nous entrons dans un monde inquiétant, les percussions sont lourdes et anxiogènes, la basse lugubre, la voix un peu pesante avant que tout ne se libère et prenne de la hauteur grâce aux guitares plus chaleureuses tout en restant incisives. ´Mood Swing Moderator´ se fait plus orageux, quasi bluesy avec sa guitare acoustique qui offre un tempo assez dépouillé, sec qui cède la parole à quelques attaques de guitares électriques à la façon de Grinderman. Le voyage se conclue sur l'exotique ´What The Radio Plays´ avec ses nappes de synthés évoquant le mystérieux péril jaune.
Steve Amber, malgré son jeune âge, semble prendre plaisir à surprendre l'auditeur en lui proposant en guise d'entrée en matière un morceau un peu cliché avant de prendre son envol vers d'autres Ailleurs. Les guitares apportent le vacarme, la voix que l'on pensait fragile se révèle plus riche et plus assurée, la section rythmique se fait survoltée. Avec ''From A Temple On The Hill'', Steve Amber a le ticket chic pour nous faire voyager.