Stakhanovistes de la musique, les Black Space Riders remettent le couvert en ce milieu d'année avec la deuxième partie de leur concept album "Amoretum". Le volume un, sorti en début d'année, avait pour lui le fait d'être surprenant en mélangeant allègrement des styles diamétralement opposés, le heavy metal avec des éléments de new wave. Mine de rien, le thème évoqué s'y prête bien volontiers. "Amoretum" n'est pas un énième traitement homéopathique mais un concept sur la nature et l'amour, une sorte de flower power, mais alors très power ! Les ambiances se font donc ultra dynamiques et organiques, avec quelques alternatives plus posées voire détachées.
Si la première partie souffrait d'un manque de cohérence compensé par une belle diversité, ce n'est pas le volume deux qui va venir contredire les jalons posés par le groupe dans "Amoretum Vol. 1", bien au contraire. Tout est accentué dans "Amoretum Vol. 2" quitte à perdre encore un peu plus l'auditeur. 'Before My Eyes' ouvre les hostilités avec un heavy très sombre et une voix éraillée et caverneuse propre au style, Motörhead réincarné ! Le défaut mis en exergue dans la première partie se retrouve avec cette promesse fusionnelle qui n'est toujours pas aussi marquée qu'on aurait pu l'espérer. L'auditeur n'est pas surpris de retrouver des titres qui enchainent les styles à tel point qu'il aura l'impression d'écouter une compilation au détriment d'un véritable concept album avec une histoire difficile à saisir. Toutefois, il ne s'ennuiera pas car ce que l'album perd en cohérence, il le gagne en diversité.
Ce qui faisait le charme du premier album se retrouve donc avec les titres 'Walls Away' et 'In our Garden' qui revêtent un côté new wave désincarné rappellant The Cure, 'Leaves Of Live (Falling Down)' ou 'Body Move' épousant le style en plus prononcé de Depeche Mode, qui côtoient les genres plus lourds dans les morceaux tels que 'Ch Ch Ch CH part 2 (Living In My Dream)' et 'Chain Reaction'. Le groupe tente même une incursion assez bien faite dans le rock celtique avec 'Sltànte (Salud Dinero Amor)' et le progressif dans les treize minutes de 'The Wait Is Never Over' avec sa belle construction et ses breaks plutôt bien sentis alternant les parties dynamiques et plus posées.
Black Space Riders enfonce le clou avec ce second volume toujours aussi disparate mais évitant ainsi l'ennui et la linéarité. Si le concept peut en pâtir, qu'importe tant cette diversité est la bienvenue rendant l'écoute, au final, plaisante. Même s’il ne marquera pas les esprits, "Amoretum" restera une idée forte de mélanger le brulôt et la rugosité du heavy metal avec la certaine froideur et le sens du détachement synthétique de la new wave - même si la fusion reste malgré tout un peu trop frileuse.