S’il existait un prix de la pochette la plus sobre, et aussi la plus laide, celle du quatrième album d’Il Bacio Della Medusa, "Seme*", aurait une sérieuse chance d’en être la lauréate. Cette graine sur fond noir, qu’on peut aussi prendre pour un gros ver ou un nez, est loin des pochettes hautes en couleur auxquelles le groupe nous avait habitués.
Là n’est pas la seule différence avec les précédents opus. Il Bacio Della Medusa voit son effectif s’enrichir d’un nouveau guitariste, Simone Matteucci, portant le nombre des gratteux à trois si l’on compte les interventions acoustiques de Simone Cecchini. Conséquence logique, les passages de guitare sont nombreux et déclinés à toutes les sauces : en riffs hargneux (‘Seme’), en arpèges délicats et bien sûr en solos généreux. Néanmoins, leur présence n’éclipse pas les deux "stars" de l’album : le chant de Simone Cecchini est toujours aussi expressif et théâtral, donnant souvent des frissons à l’auditeur même s’il est parfois à la limite du pathos (‘Animatronica Platonica’), et chaque intervention d’Eva Morelli, que ce soit à la flûte ou au saxophone, est un véritable enchantement, apportant tantôt une ambiance bucolique et apaisée, tantôt une noirceur inquiétante (David Jackson n’est pas loin sur ‘5 E 1/4 ? Fuori Dalla Finestra Il Tempo è Dispari’).
Dernière différence, et non des moindres, Il Bacio Della Medusa délaisse les concepts au profit d’une collection de titres sans lien entre eux, se permettant un éclectisme qui confine parfois au grand écart entre hard rock purpleien (‘Seme*’), world music teintée de country (‘Sveglia!!!’), électro (‘Animatronica Platonica’), expérimental inclassable et jazzy (‘Sudamerica’) et même flamenco (‘5 E 1/4 ? Fuori Dalla Finestra Il Tempo è Dispari’). Bien sûr, le progressif n’est pas oublié, il peuple même les meilleurs titres (‘La Sonda’, ‘Il Sentiero Di Luce’), mais il laisse néanmoins une place importante aux autres styles, souvent maîtrisés de façon convaincante mais n’évitant pas certaines sorties de route (le décalé ‘Sveglia!!!’).
Néanmoins, la plupart des compositions est d’un excellent niveau et "Seme*", malgré son hétérogénéité, captive plus qu’il ne déroute. En osant sortir de sa zone de confort, Il Bacio Della Medusa confirme tout le bien que la critique pensait de lui sur ses albums précédents.