Poursuivant la trilogie entamée il y a cinq ans, Ranestrane, en passionné de l’œuvre de Kubrick, continue sa relecture de l’ "Odyssée de l’Espace" et nous livre l’ultime épisode ("Starchild") avec une formation toujours stable.
Les Italiens restent fidèles à leur style néo-progressif teinté d’une emphase toute transalpine, faite de claviers bien présents et de guitares plutôt lyriques, auxquels la voix de Daniele Pomo apporte un touche typique, avec son timbre chaud et discrètement éraillé qui colle parfaitement à l’ambiance légèrement dramatique voulue par l’ambition du sujet. Le premier titre peut même constituer une excellente introduction au néo-progressif avec une montée en puissance sur un rythme plutôt lent jusqu’au gros solo de synthé dominateur, puis la guitare en fin de morceau, qui permet de varier les ambiances même sans break rythmique.
La plupart des titres, enchaînés les uns aux autres comme il se doit sur un concept-album, sont construits sur ce même patron éprouvé, à part le consistant 'Stargate’ principalement instrumental, constitué d’une juxtaposition de séquences bien agencées. Les soli alternent les pupitres, avec des claviers variés (Hammond et orgue d’église sur 'Sognero Mai') ou des interventions pertinentes à la guitare (entre autres, l’excellente partition de Steve Rothery sur 'Ambasciatore delle Lacrime'), soutenues par une basse bien mélodique, une batterie pouvant être discrète ou profonde, toujours inventive ('Prometeo tra le Stelle') et une interprétation vocale entre théâtralité discrète et sensibilité ('Stargate').
Il manque toutefois un brin de folie et d’originalité pour propulser ce 'Stargate' dans les étoiles. C’est le risque quand on utilise des moyens éprouvés : dans un univers aussi codifié que le néo-progressif, une extravagance, un peu d’incongru, de dynamisme inattendu permettent de gommer le manque d’aspérités de ce style facile d’accès (et par là même, très agréable) mais un peu lisse. Mention très honorable tout de même !