Comme il est difficile de succéder aux grands ! Quand Andrew Latimer adjoint son trio de rockers au pianiste Peter Bardens pour former le groupe Camel, tous les monstres sacrés du prog' sont au sommet de leur carrière. Comment les égaler ? Comment se faufiler au devant de la scène quand on débute et que tout semble avoir déjà été inventé?
La réponse de Camel sera "Mirage". L'album à la célèbre pochette aux couleurs de la marque de cigarettes. Après un premier album éponyme vendu à 5.000 exemplaires, les quatre Britanniques s'attaquent à ce qu'ils veulent être un chef-d'œuvre. Pari gagné ?
A moitié. Composé principalement par Bardens et Latimer (ensemble ou séparément, démontrant d'emblée la bipolarité du groupe), l'album est truffé de perles. De petits accents arabisants de droite et de gauche sont autant de clins d'œil au nom du groupe. Latimer n'oublie pas qu'il est aussi flûtiste, et le résultat rappelle autant Pink Floyd que Genesis.
Camel a pourtant sa note propre, une sorte de groove serein et spontané. Dans 'Supertwister"'et son génial solo de flûte se cache un rythme lancinant. Le piano électrique Fender Rhodes, largement sous-employé par les groupes de prog', y joue un rôle prépondérant, tout comme dans 'Nimrodel' ou 'Lady Fantasy'. Ce dernier morceau est d'ailleurs une remarquable suite en trois parties, composée collectivement, où se révèle le talent jazzy du génial bassiste Doug Ferguson.
"Mirage" pèche par une petite carence en originalité et quelques morceaux qui ont mal accusé le passage du temps : la première chanson, 'Freefall', est aujourd'hui complètement désuète. Mais si Camel n'a pas réussi son chef d'œuvre avec "Mirage", il signe néanmoins un album cohérent et agréable qui lui permettra de rassembler autour de lui une importante communauté d'admirateurs. Quand au vrai chef-d'œuvre, il arrivera l'année suivante...