Depuis son retour aux affaires en 2010, Treat enchaîne les sans-faute pour le plus grand plaisir des amateurs de hard mélodique et musclé à la fois. "Coup de Grace" (2010) et "Ghost Of Graceland" (2016) tutoyaient les sommets alors que "The Road More And Less Travelled" (2017) offrait un premier témoignage live représentant parfaitement la majesté de la formation suédoise sur scène. Sans perdre de temps, le quintet est déjà de retour avec "Tunguska", nouveau témoignage studio encore une fois produit par Peter Mansson et Anders Wikstrom. Le titre se réfère à une explosion d’origine inconnue survenue en Sibérie en 1908 et dont l’énergie équivalait à plusieurs centaines de fois Hiroshima et Nagasaki. Reste à savoir si cette énergie a été captée par Treat pour un troisième opus dont la principale difficulté va être de maintenir le niveau d’excellence de ses prédécesseurs.
Lancé par une introduction atmosphérique, ‘Progenitors’ pose les bases de ce qui va se révéler un nouveau monument de la discographie du gang de Stockholm, qui commence à en être encombré. Production à la fois fine et puissante, section rythmique monstrueuse avec une basse prégnante et tonique et une batterie hyper dynamique, claviers omniprésents sans être envahissants, riff et soli imparables, refrain hyper accrocheur avec chœurs majestueux, le tout pour un résultat puissant et un peu obscur : les Scandinaves marquent leur territoire sans attendre. Tout en restant identifiable, la suite varie les ambiances et les tempi et apporte son lot de surprises justement dosées.
Au milieu des titres classiques mais à l’accroche et à l’efficacité sans faille (‘Always Have, Always Will’, ‘Rose Of Jericho’, ‘Undefeated’), des accélérations permettant de maintenir l’attention en éveil avec des refrains catchy et des soli véloces (‘Creeps’, ‘Riptide’), et des pièces plus sombres (‘Best Of Enemies’) ou heavy (‘Man Overboard’), se glissent une ballade réussie au refrain envoûtant (‘Tomorrow Never Comes’) et deux hits en puissance. ‘Heartmath City’ et ‘Build This City’ ont le profil des titres qui vont cartonner sur les ondes septentrionales avec leur pop metal dotée de refrains imparables et de chœurs fédérateurs. Il est à noter également la présence de quelques soli de claviers qui viennent enrichir la palette du quintet dans le cadre de jolis duels avec la guitare (‘Man Overboard’, ‘Riptide’, ‘All Bets Are Off’).
Aussi improbable qu’enthousiasmant, "Tunguska" permet à Treat d’enchaîner un troisième album sans faille en maintenant un niveau d’excellence quasiment introuvable ailleurs. En douze titres, les Suédois réussissent à nouveau à marier puissance et mélodie, accroche et profondeur, variété et identité reconnaissable entre mille. Entre The Poodles qui se prend les pieds dans le tapis, Europe qui préfère naviguer sur une vague plus revival, et une jeune génération qui n’a pas encore confirmé tous les espoirs placés en elle, le gang d’Anders Wikstrom s’impose définitivement comme la référence incontournable en matière de hard mélodique. Respect Messieurs !