Danny Goffey, ce nom vous est peut-être inconnu mais l'homme a été le batteur de l'un des groupes qui ont redonné à la pop anglaise 60s-70's ses lettres de noblesse en lui apportant un peu plus d’âpreté au début des années 90, après une période plutôt moribonde. Supergrass, car il s'agit de lui, s'était engouffré dans la brèche ouverte par Oasis, Blur et Suede, avec toutefois une patte plus joyeuse que les autres, notamment avec son titre accrocheur et efficace qui passait en boucle à l'époque, 'Alright'. Hélas, le groupe n'a pas connu une aussi grande notoriété que ses confrères et a fini par spliter au début du nouveau millénaire pour ne plus donner de nouvelles depuis, malgré quelques reformations éparses notamment pour des opérations caritatives.
Après cette aventure, Danny a fait quelques piges pour les Babyshambles avec le sulfureux Pete Doherty et a créé son propre projet sur le nom de Van Goffey. Il était donc temps pour lui de franchir le cap de l'album solo et de se mettre en avant en ce milieu d'année.
La pop teintée de rock de Danny trouve son inspiration formelle dans les mélodies très 70's, celles qui ont fait la réputation des Kinks par exemple, avec comme source les bas-fonds anglais dans ce qu'ils ont de plus cynique, violent, prolétaire, poisseux. Ainsi, la manière dont il aborde des thèmes sociétaux aussi forts que contemporains revêt un certain détachement et un recul très britannique, presqu'à contre-courant de ce à quoi on était censé s'attendre, comme lorsqu'il évoque le fanatisme religieux dans 'Ancient Texts', titre paradoxal car si le sujet est dur, la mélodie est très enjouée et dansante. Au final, Danny Goffey fait son Schtick ("faire un numéro ou son intéressant"). Libre, l'artiste porte un regard sombre sur les mœurs actuelles, pas si éloignées de ce qui se passait dans les années 70 avec son lot de révoltes et de violences, mais il le fait de façon presque légère.
Parfois plus directs, certains titres puisent leur tempo dans le punk assez soft comme par exemple celui qui habille 'Buzzkiller'. Les riffs de guitare sont légion et épousent une rythmique sautillante et presque positive ('Let It Happen', 'Sick Holiday' et son clip vidéo dans le genre 'Very Bad Trip'). Parfois, le rock tourne vers la new wave un peu speed notamment dans 'Television'. La voix de Danny quant à elle s'inscrit dans la coutume de la pop avec un certain cabotinage en déclamant des textes à l'humour so british et parfois un certain détachement flegmatique.
"Schtick" finalement est un album old school qui n'aurait pas dépareillé avec d'autres productions s'il était sorti dans les années 70 dont il s'inspire grandement, y compris dans la production qui fait écho à ces années. Danny Goffey est très respectueux de ses aînés et livre un album rafraîchissant, authentique, sans artifice ni electro qui fourmillent dans les productions récentes. De la bonne pop rock bio qui rappellera des souvenirs à certains, vintage mais pas dépassée.