Pour leur première production parue en 2014, les Polonais de Art of Illusion nous avaient fait grosse impression, leur metal progressif accessible à toutes les oreilles maniant habilement gros son et parties plus calmes.
Et si ce premier opus s'avérait essentiellement instrumental, "Cold War of Solipsism" voit le groupe intégrer Marcin Walczak à temps plein comme chanteur en lui offrant de nombreux passages pour s'exprimer. Et si à l'époque nous avions pu exprimer quelques doutes quant à la qualité de sa prestation, il n'en est rien sur ce deuxième album où ses interventions collent parfaitement à la musique du groupe, le bonhomme allant même jusqu’à lâcher quelques hurlements bien sentis dans 'King Errant'.
Après une introduction atmosphérique ('Ico'), Art of Illusion entre dans le vif du sujet avec une première partie de 'Devious Savior' sombre au possible, aux riffs très lourds, et qui ne doit surtout pas faire fuir les réfractaires au metal. La deuxième moitié du titre se révèle en effet beaucoup plus apaisée, avec l'apparition d'une guitare acoustique et des claviers, avant de proposer une grande variété de thèmes et d'ambiances au sein desquels la guitare et les claviers rivalisent de technicité.
Et ce sont ces aspects-là que le groupe va développer tout du long des 44 minutes de cette deuxième galette, à savoir un intéressant mixage entre des passages clairement métalliques, guitares rythmiques tranchantes et double pédale de rigueur, et des parties bien plus soft, très progressives, le tout porté par des musiciens à la technique sans faille, ceux-ci se lâchant régulièrement dans des parties débridées.
Quelques exemples permettent d'illustrer avec bonheur cette présentation : des rythmiques impaires et des battues à contretemps ('Santa Muerte'), un break instrumental façon Saga ('Santa Muerte' encore), une ballade piano/guitare acoustique terminée par un solo de guitare neo-prog ('Abler to Abide'), un gros titre bien musclé, peu avare en changement de thèmes, incorporant néanmoins un solo de guitare en forme de prouesse technique mais plutôt inutile dans la construction du morceau ('Cold War of Solipsism'), et encore et toujours cette guitare rythmique très présente.
Tout ceci mis bout à bout nous offre un album dynamique, balayant de nombreux styles habilement mélangés, et qui confirme sans problème tout le potentiel entrevu il y a quatre ans lors de la publication de "Round Square of the Triangle". Un groupe à suivre, assurément.