23 ans pour sortir un premier album, c’est long ! C'est pourtant le temps qu'il a fallu au quatuor hollandais uNKH, formé en 1991 par quatre amis d’enfance, pour faire paraître "Traveller" en 2014, le "iNNERVERSE" qui lui a succédé et qui nous intéresse ici arrivant (seulement) 4 années plus tard. Basé sur des fondations de prog symphonique des 70´s avec des guitares plus rock et des loops rythmiques, cet album revendique une certaine « impertinence néerlandaise ». Voyons voir...
Avec seulement cinq titres et à peine 44 minutes, le disque peut paraître court, mais le menu est consistant : un long morceau de 10 minutes en entame et un epic de 19 minutes en conclusion. Le ton emprunte en effet souvent aux années 70 et 80, et de grands noms viennent fréquemment à l’esprit lors de l’écoute. C’est curieusement l’ombre de Riverside qui apparaît la première dans ‘Paranoid Void’, dans les touches electro sur un fond atmosphérique. Puis dans la seconde partie du titre, c’est Tangerine Dream qui s’installe dans une longue montée trance séquencée que parcourt une guitare camélienne. Le jeu de piste se poursuit sur les titres suivants, convoquant le piano mélancolique de Tony Banks sur le joli ‘Slumber’, un Moog très emersonien dans ‘Deep’ ou des ambiances que ne renierait pas Steve Hackett à l’entrée du chant dans ‘Dreamcatcher’. L’album est parcouru de jolies trouvailles, à l’image du motif de piano de ‘Deep’ qui aurait pu être proposé par Seven Steps to The Green Door.
Tout ceci n’est pas à proprement parler "impertinent" car le ton reste sage, même si quelques tensions peuvent se faire jour (‘Deep’), dans un style plus moderne souligné par une production précise. L’ensemble se suit donc avec une gourmandise nostalgique, notamment tout au long de l’épique ‘Dreamcatcher’, habilement construit jusque dans son terminal solo de guitare. Finalement, sous ces influences multiples uNKH parvient à se forger une signature, un peu à l’image de ce qu’avaient réussi les Anglais de Strangefish (qu'on croyait disparus après deux albums d’un neo prog de bonne facture mais qui nous sont miraculeusement revenus cette année avec un nouvel album).
Quelques défauts mineurs comme un chant convenu, des passages un peu légers (la première partie de ‘Showcase’ et son ton pop joyeux) ou des fins sommaires (comment peut-on conclure un titre de dix minutes par un fade-out indigne ?) viennent tempérer le plaisir qu’il y a parcourir "iNNERVERSE". N’empêche : le pari de trouver l’équilibre entre nostalgie et ton plus moderne ravira les amateurs de prog mélodique.