Si, vingt ans après avoir craché à la face du monde le définitif "Let Them Eat Pussy'" et sa délicieuse pochette où deux gourmandes se font manger le minou, Nashville Pussy s'est (un peu) assagi et choque moins les pudibonds (encore que le titre de sa nouvelle rondelle est des plus équivoques), son rock'n'roll des familles demeure quant à lui inchangé. Directe et sans sucrerie dedans (ou alors, façon sucre d'orge), la recette a le goût de la sueur et du stupre. Vieilli dans un fût de chêne, le breuvage se tète avec gourmandise, idéal pour rassasier les gosiers en mal de décibels. Et si le groupe se fait plus rare depuis une décennie, espaçant chacune de ses livraisons de quatre à cinq (trop) longues années, le plaisir de le retrouver n'en est que plus grand.
A l'instar de "Up The Dosage", son prédécesseur, "Pleased To Eat You" n'invente rien bien entendu - là n'est pas le propos - mais il fait du bien, tout simplement, donnant envie de sucer des bières et de chevaucher une moto... ou autre chose ! Qu'attendre alors de cette septième galette que ce rock qui sent sous les bras, à la fois sale comme Motörhead et endiablé comme le AC/DC période Bon Scott (la meilleure ? L'unique ? Cent fois oui !). Avec en sus cet arôme de l'Amérique profonde, ce dont témoignent 'Woke Up This Morning' et sa slide déglinguée ou bien 'Hang Tight' et ses faux-airs de 'La Grange' (ZZ Top).
La sauce s'épaissit le temps du rampant 'Endless Ride' ou d'un 'Cckmp' énorme et vicieux à souhait, tandis qu'un orgue discret confère un peu de fraîcheur seventies au remuant 'Testify'. Egrillard ('Low Down Dirty Pig'), tout ça donne envie de taper du pied ('One Bad Mother') et évoque furieusement les légendaires kangourous dont l'ombre recouvre les saillies de l'inusable Ruyter Suys ('Just Another White Boy') alors que 'Go Home And Die' semble ainsi tout droit extrait de "Let There Be Rock". On aurait craindre que la chatte de Nahsville se ramollisse mais il n'en est rien. Mieux, le chant toujours aussi hargneux de Blaine Cartwright ('She Keeps Me Coming And I Keep Going Back'), une efficacité qui jamais ne débande et un song-writing au garde-à-vous assurent à "Pleased To Eat You" une solide tenue de route.
Les Américains n'aiment pas trop les longs discours ni la parlote, raison pour laquelle nous n'en dirons pas davantage au sujet de cette galette rugueuse comme la semelle usée d'une santiag et qu'on a envie de mordre, de prendre à pleine dent. Un très bon cru, sans fioriture et bourré d'une énergie revigorante.