Finisterre, un des nombreux projets de Fabio Zuffanti (l’homme est prolifique), est un groupe un peu à part dans l’univers du rock progressif italien. Bien sûr, le chant est interprété dans la langue natale et dés les premières minutes, on reconnaît ce style particulier inhérent à la plupart des groupes transalpins issus des 70’s, un chant profond et expressif, une bonne dose de guitare acoustique et des synthétiseurs analogiques pour enrober le tout.
Mais Finisterre ne se borne pas à décliner le modèle de ses prédécesseurs, il ajoute également une touche de modernité qui l’ancre bien dans notre époque. C’est particulièrement frappant à l’écoute de morceaux comme "La mia identita" ou encore "La maleducazione" (ah ! cette rythmique soutenue pratiquement 'electro') ; quant à "Incipit", on peut le rapprocher du mouvement post-rock, très actuel, qui consiste souvent à décliner un même motif musical en l’étoffant au fur et à mesure de sa progression.
Tout l’album est traversé de trouvailles sonores (voix, bruits divers) qui lui donnent une coloration cinématographique et contribuent également à son identité originale. C’est le cas, par exemple, de l’instrumental "Riffrazioni" dans lequel la présence d’une trompette nonchalante et de voix récitantes n’est pas sans rappeler le film "Ascenseur pour l’échafaud" ou encore certains films de l’âge d’or du cinéma italien.
Pour autant, "La meccanica naturale" ne peut jamais être qualifié d’album expérimental dans le sens péjoratif du terme car tout semble couler de source... La musique, les enchaînements, les mélodies vocales, même les parties jazzy se font suffisamment discrètes pour pouvoir plaire aux réfractaires du genre.
Si vous ne connaissez pas le progressif italien (il n’est jamais trop tard) et que vous êtes une personne ouverte aux différentes cultures musicales, voici typiquement le genre d’album susceptible de vous plaire. Si vous connaissez déjà cette formation, "La meccanica naturale" est probablement le meilleur album du groupe, en tous cas, le plus abouti et sûrement le plus fédérateur.
Qu’ajouter de plus sinon préciser que l’album est produit par Franz Di Ciocco, batteur de PFM, un homme de goût qui a eu le flair de travailler avec une des meilleures formations contemporaine de rock progressif.