ALICE IN CHAINS: Rainier Fog (GRUNGE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Parmi les groupes de grunge ayant émergé dans les années 90, peu d'entre eux sont parvenus à traverser leur époque. Mais 30 ans plus tard, Alice In Chains, l'un des pionniers du mouvement et géant de la scène américaine, fait encore partie de l'équipage. Pourtant, bien des embûches sont venues obstruer le chemin qui leur était tracé, l'épreuve la plus difficile à surmonter étant le décès de leur chanteur, Layne Staley, au charisme unanime et à la voix si particulière. Pour certains, c'est à la mort du malheureux que le groupe s'est éteint en 2002.

Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et William DuVall assurait le remplacement du leader emblématique en 2005. Bien des années plus tard, avec la sortie de leur sixième album, les musiciens ont donc opté pour une stratégie du retour aux sources. Comme un symbole, le nom du disque, "Rainier Fog", fait d'ailleurs écho au Mont Rainier présent à Seattle, ville d'origine du groupe où les musiciens ont d'ailleurs choisi de retourner enregistrer en studio, ce qui n'était plus arrivé depuis 1995, année où Alice In Chains sortait son troisième album éponyme. Sur le plan musical, on s'inscrit également dans la lignée des albums précédents. Les ambiances sont sombres et pesantes, le chant à deux voix, tantôt mélodieux ('All I Am'), tantôt dissonant ('So Far Under'), est systématique, les riffs sont immédiats et entêtants. Une recette inchangée donc, pour un résultat diablement garanti.

Dès les premières secondes, on se retrouve happé par le riff du premier single, 'The One You Know', rappelant au passage celui de 'Stranded' de Gojira, instaurant une atmosphère grasse et pesante. Le refrain est punchy, accrocheur, l'intérêt est immédiat. L'album regorge d'ailleurs de titres au potentiel de hits. C'est le cas des très bons 'Red Giant' et 'Never Fade' notamment qui reprennent tous les codes habituellement sortis par le groupe avec la même réussite qu'à l'accoutumée.

Malgré ces sonorités obscures, quelques titres parviennent toutefois à sortir du brouillard dans lequel est plongé l'album. C'est le cas de 'Fly' emmené par ses accords majeurs et un son de guitare plus clair et de l'excellent 'Maybe' également porté par des harmonies vocales remarquables et un refrain magistral.

Comme c'était le cas sur les deux derniers albums, les musiciens ont pris l'habitude de placer le titre le plus calme en dernière piste comme en témoignent 'Black Gives Way To Blue' sur l'opus du même nom ou encore 'Choke' sur "The Devil Put Dinosaurs Here", qui figurent au passage dans la liste des meilleures chansons de chaque album. Sur "Rainier Fog", on n'échappera pas à la règle avec la ballade angélique 'All I Am' qui conclut ce sixième effort dans un registre pour le moins inhabituel. Le morceau est d'une vraie beauté, limite atmosphérique, et conclut l'album à la perfection.

S'il aura fallu attendre cinq longues années avant de pouvoir savourer de nouvelles musiques des Américains, l'attente valait encore une fois le coup. Sans révolutionner son approche de la musique, Alice In Chains signe avec "Rainier Fog" un excellent album de grunge en restant fidèle à ses racines.

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