Sunchild est l'un des trois projets dans lesquels le stakhanoviste (et ukrainien) Antony Kalugin œuvre, les deux autres étant Karfagen et Hoggwash. Mais si Sunchild est porté par un seul homme, il n'est pas pour autant un one-man project, Kalugin ayant l'habitude de s'entourer de nombreux intervenants pour l'accompagner.
"Messages From Afar : The Division and Illusion of Time" est donc loin d'être un projet minimaliste ou phagocyté par les claviers de son créateur mais sonne bien comme l'œuvre d'un groupe à part entière. Les morceaux sont riches d'instruments au rang desquels les claviers sont certes bien servis, mais où les guitares n'ont pas à se plaindre, de nombreux solos leur étant réservés, et où la section rythmique a toute sa place, ni trop en avant, ni trop effacée. Le chant est lui aussi assez présent, partagé entre le maître des lieux et deux de ses compatriotes féminines. Si les interventions des deux chanteuses sont agréables, la voix de Kalugin manque de personnalité et de puissance. Disons que le chant n'est pas le point fort de Sunchild.
Son point fort, justement, réside plutôt dans la qualité des compositions. Les mélodies sont a minima plaisantes et parfois truffées de petites surprises agréables, comme des chœurs parfois décalés ('Searching Diamonds', 'Grail and Time', 'Victory Voyager'), ou de thèmes fort séduisants ('60 Degrees to the 70s', 'Father'). Stylistiquement, Sunchild navigue sur les eaux calmes d'un néo-prog consensuel qui puise tantôt son inspiration dans le glam rock (les trois premiers titres), tantôt dans le rock atmosphérique façon Pink Floyd période Gilmour ('Mystery Train', 'The Dream and Illusion of Time'), l'allusion la plus flagrante au Flamant Rose se situant à la fin de 'Victory Voyager' où les vocalises sont, une fois de plus, inspirées (plagiées ?) de l'immense 'The Great Gig in the Sky'.
Malheureusement, loin d'être correctement digérées, ces influences sont simplement juxtaposées, créant l'impression qu'on a collé deux albums disparates en un. Même si, comme votre serviteur, on aime Queen et Pink Floyd, on n'a pas forcément envie d'écouter les deux le même jour. Par ailleurs, Sunchild est loin d'avoir le charisme de ses modèles. Sa musique est certes plaisante, comme il a déjà été dit, mais manque de profondeur et ne génère pas le moindre frisson.
"Messages from Afar" est un album dont l'écoute facile laisse une impression agréable. Mais son manque de cohérence et la superficialité de sa musique le condamnent à rejoindre le lot des albums oubliés à peine écoutés.