L'aventure en trio de Depeche Mode aura duré le temps d'un seul album, puisque Alan Wilder se retrouve intégré au groupe dès sa publication suivante, "Construction Time Again", publié moins de 12 mois après le mitigé "A Broken Frame".
Comme d'habitude pourrions-nous écrire, cette troisième offrande nous propose quelques hits en puissance, morceaux à la rythmique sautillante et aux mélodies imparables, au premier rang desquels se pose le tube incontournable 'Everything Counts'. A un degré moindre, l'autre single 'Love in Itself' ou encore 'Told you So' se rangent dans la même catégorie.
Mais ce qui marque avant tout l'ensemble, c'est l'apparition massive de sonorités industrielles qui viennent quelque peu rafraîchir l'ambiance habituellement chaleureuse des productions précédentes. Premier exemple du genre, 'More Than a Party' qui préfigure le 'Master and Servant' de l'album suivant dispense ses sonorités glaciales comme autant de couteaux acérés qui transpercent l'échine. Juste derrière, c'est un 'Pipeline' carrément expérimental qui contribue à installer cette ambiance quelque peu inquiétante.
Et si les autres titres de "Construction Time Again" s'avèrent plus abordables, ces sonorités se rappellent régulièrement à notre bon souvenir. Dans une veine toujours expérimentale, 'The Landscape is Changing' sonne comme un véritable hommage à Kraftwerk : impossible de ne pas penser à "Autobahn" à l'écoute de la longue partie instrumentale qui clôture le titre. La contrepartie de ces évolutions majeures est que la recherche de mélodie accrocheuse semble parfois reléguée au second plan, au point d'accoucher d'un insipide 'Shame' ou encore d'un 'And Then …' qui tourne en rond très rapidement.
Avec un line-up stabilisé pour un temps, ce nouvel album marque très clairement le début d'une nouvelle ère pour Depeche Mode, jetant les bases d'un style qui va propulser le groupe de manière durable tout en haut des charts et dont la première concrétisation surviendra l'année suivante, avec la publication de "Some Great Reward". A suivre donc.