Baest est danois, cinq cavaliers de l’apocalypse venus du froid, qui armés de guitares, basse, batterie proposent une musique rugueuse et brutale, inspirée de formations telles que Bloodbath, Entombed ou Dissection. Fort d’une démo et d’un EP, le groupe a été promu au rang d’espoirs du death.
De prime abord, "Danse Macabre" (sobrement sous-titré "A Messe Macabre Decomposed by BAEST") est effrayant, repoussant comme l’est sa pochette. A peine la galette est- elle mise en rotation que les vibrations renvoyant à d’illustres blasphémateurs emplissent l’espace. Mais la formation aime également affirmer sa modernité en assumant des mélanges savamment incorporés aux pilonnages systématiques.
D'abord la modernité s’exprime dans le rapport à la mélodie, notamment lors de l’introduction de ‘Danse Macabre’, quand les seuls arpèges aériens retentissent, puis lorsque les lignes de six-cordes s’ajoutent à la chaleur des accords égrenés. Ce penchant pour les passages acoustiques est souvent présent sur l’oeuvre, comme lors de l’entrée de ‘Ritual’ qui entre deux tempêtes sonores permet d'apprécier un instant de plénitude des sens et de l’âme.
Mais le death teigneux reprend bien vite ses droits en convoquant l’esprit de Morbid Angel. La voix est âpre, les riffs directs et pesants sont dignes d’Entombed, alors que la batterie pleine de bla(e)sts érige des métriques parfois plus complexes ou plus thrash dans la lignée de Origin ou Bloodbath. Toutefois la formation transgresse les limites, s’éloigne sur ‘Atra Mors’ d’un death basique et plonge alors dans un death’n roll au groove imparable.
La formation puise néanmoins dans un terreau historique, comme sur ‘Crosswhore’ lorsqu'elle se repaît de dissonances torturées ou maltraite les cordes et fait ainsi crisser les dents. Les musiciens avaient prévenu, ils veulent des guitares énormes, hyper-saturées et écrasantes ! Ainsi suivant les préceptes de David Vincent et son aréopage d’anges morbides, la puissance noire est de rigueur sur ‘Ego Te Absolvo’ et ‘Vortex’; la peur plane sur ‘Messe Macabre’ ou ‘Hecatomb’, qui sont des plongées dans l'horreur d’une nuit traumatisante de laquelle aucune lumière ne s’échappe. Mais passé ce relatif classicisme, l'impression subsiste que le groupe veut s'affranchir des structures traditionnelles et explorer des voies alternatives plus tortueuses...
Les perspicaces renifleurs de caveaux et de moisissures, ceux qui avaient adoubé les chevaliers noirs danois ne se sont pas trompés ! Beast ba(e)stonne sec avec sa musique aussi b(a)estiale que captivante, qui dépeint un b(a)estiaire macabre, puis après une messe noire éprouvante, la bête se transfigure en une entité sombre resplendissante pleine de ressources. L’opus est donc une réussite, grâce à sa variété, à son penchant pour le classicisme écrasant et pour les touches de modernité ou les instants techniques. Sorte de visite guidée de l’univers extrême, il remportera les suffrages du plus grand nombre.