Erik Martensson est un jeune homme formidable. Non content de participer grandement, sa guitare en bandoulière, au succès d’Eclipse, d’Ammunition et de W.E.T., le Suédois a eu l’occasion de mixer, produire, enregistrer ou bien mastériser une douzaine d’albums de groupes divers dont Astral Doors et Seventh Wonder et de pousser la chansonnette (surtout en backing vocals) chez plus d’une demi-douzaine d’autres dont Sinner, Edenbridge et Primal Fear. Thor n’a qu’à bien se tenir, Erik semble ne pas être en reste question pouvoirs nordiques et Mjöllnir, le célèbre marteau du Dieu du tonnerre, pourrait frémir sous les assauts de la six-cordes du Suédois qui nous revient avec le second opus de son quatrième projet Nordic Union.
Ce combo du boulimique scandinave est porté par un duo qui l’associe à Ronnie Atkins, l’inusable chanteur Danois de Pretty Maids qui s’est visiblement, et c’est tant mieux, remis de son malheureux coup à la tête l’ayant conduit à être hospitalisé à Bâle le printemps dernier. Le binôme nous avait régalés il y a deux ans en nous proposant un éponyme premier album, il est temps de nous pencher sur ce "Second Coming" afin de juger si le feu est toujours en eux et notamment en lui, car le gamin suédois a ici pris les choses en mains et n’a laissé que le micro au quinquagénaire Atkins et la batterie à Magnus Ulffestedt, son voisin de palier chez Eclipse et Ammunition. Pour le reste, production, guitare, basse, claviers et backing vocals, il en fait son affaire.
Disons-le tout de suite, ce nouveau produit est moins immédiatement abordable que le précédent. La faute à l’option plus mélancolique, voire sombre, mais aussi plus dure, adoptée par les deux têtes pensantes dans leur travail de composition qui altère le souffle easy listening qui rafraîchissait l’éponyme premier essai. Toutefois, et c’est un détail qui a son importance, plus vous userez la touche play de votre boîte à musique, plus votre doigt aura des velléités d’y revenir faire un tour.
La force des habitudes fait ici loi. En effet, il y a de l’Eclipse et du Pretty Maids dans ce Nordic Union. L’esprit mélodique rituel du premier fait bon ménage, sur les onze titres de cet opus, avec les coups de boutoir habituels du second. Ainsi, nous naviguons en parcourant cette œuvre entre le hard rock nerveux, parfois heavy, des hommes d’Atkins et celui mélodieux et imprégné subtilement de pop musclée de la bande à Martensson, approches musicales parfois mêlées qui nous rapprochent alors bien entendu de W.E.T.
Dès l’entrée en matière le ton est donné par un 'My Fear & My Faith' très branché Pretty Maids, un 'Because Of Us' entraînant doté de chœurs d’enfants fort porteurs, et un bouillant 'It Burns' qui pourfend avec hargne notre comique préféré, l’inénarrable Trump. Puis viennent l’enlevé 'Walk Me Through The Fire', très Eclipse dans l’âme, l’émouvante ballade 'New Life Begins', 'The Final War' qui mérite le trophée du titre le plus heavy de l’album et le galvanisant 'Breathtaking'.
Nous sont servis ensuite le heavy blues 'Rock's Still Rolling' qui n’atteint pas le niveau des prestations précédentes, la seconde ballade 'Die Together' dont de nombreux groupes pourraient s’enorgueillir, le mid-tempo 'The Best Thing I Never Had' qui rappelle, sur ses couplets, ce que propose Pretty Maids quand il fait dans le radio friendly, et 'Outrun You' qui clôt calmement l’opus en beauté dans le style de prédilection de W.E.T.
Amateurs de la bande à Jeff Scott Soto et de celles d’Atkins et de Martterson, ne passez surtout pas à côté de ce cadeau de fin d’année. Le Père Noël a encore le nez dans ses paquets-cadeaux tout en laissant à ses lutins le soin de brosser ses rennes, il semble bien qu’il se soit fait devancer cette année par nos deux Scandinaves préférés.