Bien que totalement inattendu, le retour d’Airrace avec "Back To The Start" (2011) avait été convaincant. Et contrairement à son prédécesseur ("Shaft Of Light") paru en 1984, cet opus n’aura pas eu à attendre 27 ans pour avoir un successeur. Pourtant, c’est un véritable chamboulement qu’a connu le line-up du groupe au sein duquel Laurie Mansworth est le seul survivant, confirmant au passage sa mainmise totale sur la formation britannique. Exit Keith Murrell donc, chanteur emblématique depuis les débuts, ainsi que Toby Sadler, fidèle claviériste. Pour reconstruire son groupe, le guitariste s’est cependant entouré de pointures du genre avec Adam Payne (Serpentine) au chant, Rock Newton (MSG, Lionheart, House Of X…) à la basse, et la claviériste Linda Kelsey Foster (Reuben Archer’s Personal Sin). Quant au poste de batteur, il est désormais la propriété du fils de Laurie, Dhani Mansworth, connu pour son rôle au sein de The Treatment, formation également managée par Laurie.
Après un tel chambardement, il était logique de s'interroger sur ce qu’il allait rester de l’AOR rutilant dont nous régalaient les Anglais depuis leurs débuts. Et la réponse est assez claire : pas grand-chose. Comme l’indique clairement le morceau d’ouverture intitulé ‘Running Out Of Time’, Mansworth a décidé de nous emmener dans un véritable retour en arrière au cœur des années 70. Avec une introduction au piano et à la guitare lançant un rock mélodique popisant aux accents britanniques et doté d’un refrain accrocheur et de jolis soli de guitare, ce titre annonce la couleur. C’est très agréable, bien composé et très bien interprété avec en particulier une belle performance d’Adam Payne, et l’ensemble dégage une belle énergie positive.
Le problème, c’est que non seulement, ce n’est pas ce que nous attendons d’Airrace, mais surtout, les références aux formations mythiques dépassent rapidement l’hommage pour sombrer dans le plagiat. Parmi les ombres les plus prégnantes, nous citerons Magnum (‘Eyes Like Ice’), Led Zeppelin (‘Different But The Same’ et son riff pompé sur celui de ‘Black Dog’), Deep Purple (‘New Skin’ et son orgue Lordien), Chicago (la belle ballade ‘Lost’), Foreigner (‘Love Is Love’) ou Whitesnake (le majestueux ‘Men From The Boys’). Et si encore une fois, la qualité de l’interprétation ne peut pas être remise en cause, ni même le plaisir que peut proposer l’écoute de ces titres, la question se pose quant à l’intérêt de ne pas carrément avoir fait un album de reprises.
Venant d’un groupe avec un tel passé, cet album ne va pas manquer de créer la polémique entre ceux qui voudront mettre en avant la qualité de l’hommage rendu et la perfection de l’interprétation et ceux qui attendaient un véritable nouvel album d’Airrace et qui crieront à la trahison et au plagiat. Avec le changement de la quasi-totalité du line-up, n’aurait-il pas été plus judicieux de sortir cet album sous le nom d’une nouvelle formation ?