Formé en 2012 à Brisbane par la chanteuse Tasha D. et le guitariste Mick Bromme, Smoking Martha ne fait pas partie de ces nombreux groupes australiens biberonnés au pub-rock acdcien dont l’île-continent nous abreuve régulièrement. En 2014, le groupe avait offert un premier témoignage discographique avec un EP cinq titres mélangeant rock indé, punk et hard rock avec une belle énergie, même si c’est le single ‘Sweet As Honey’ qui avait retenu l’attention avec son mid-tempo félin et urbain. Quatre ans plus tard, la formation, qui hésite toujours entre quintet et quartet, revient avec son premier opus longue durée intitulé "In Deep" qui risque d’en étonner quelques-uns.
La surprise se situe à deux niveaux. La première vient du fait que les Australiens sont distribués par Bad Reputation qui, s’il s’est fait une spécialité de dénicher quelques perles rares down under, officie plutôt dans le domaine du hard rock. Or ce style est ici bien altéré par la nouvelle recette que lui appliquent Tasha et ses sbires. Et c’est là que se situe le second niveau de surprise car les amateurs du premier EP risquent fort de se retrouver un peu désorientés. Quant aux autres, ils auront la possibilité de comparer avec les titres de l’EP qui sont offerts en bonus sur l’édition européenne. En effet, les Australiens ont décidé de donner un coup de volant vers des terres plus grungy voire alternatives comme le prouvent ‘So Lonely’ avec ses guitares crunchy et son ambiance mélancolique, et un ‘Say You’re Mine’ très garage-rock doté d’une belle accélération finale.
Tout cela reste énergique et des titres tels que ‘One Night’, ‘What’s Her Name’ ou ‘Strange Things’ sont là pour le prouver. Par contre, l’ambiance générale se révèle majoritairement sombre, parfois lourde (‘Follow’), voire flirtant avec le gothique (‘Find A Way’). Quant à la ballade ‘Baby Let Me Go’, si elle fait preuve d’une superbe délicatesse avec ses lignes de cordes et ses guitares acoustiques, elle est également d’une grande mélancolie. Seul ‘To The Stars’ apporte une touche à la fois bluesy et funky dans cet océan grisâtre, au point qu’il est parfois facile de relâcher son attention à l’écoute des 10 titres d’origine.
D’une grande qualité et mené par le chant puissant et habité de sa co-créatrice, Smoking Martha laisse cependant les amateurs dubitatifs. En effet, il est difficile de savoir si les Australiens cherchent encore leur chemin au milieu de leurs différentes influences ou s’ils ont bien trouvé leur recette. Peut-être qu’il aurait été intéressant de ne pas attacher en bonus les titres de l’EP qui se démarquent un peu trop du reste et démultiplient cette sensation. Dans tous les cas, le potentiel est évident et il est probable que le prochain opus apportera la réponse à cette interrogation et confirmera le talent de ses géniteurs.