En sortant "Inmazes", les Danois de Vola se hissaient au panthéon des découvertes les plus intéressantes de l'année 2016 avec leur fusion originale de pop spatiale et de metal. Cette franche réussite n'a pas échappé au label Mascot qui a décidé de distribuer l'album quelques mois après sa parution initiale. C'est donc sous cette chapelle que l'on retrouve Vola pour un deuxième disque intitulé "Applause Of A Distant Crowd".
A la suite de "Inmazes" les Danois ont expérimenté une notoriété immédiate pour l'essentiel à travers le prisme des réseaux sociaux. C'est le sens de la métaphore qui donne son titre à l'album, des applaudissements d'une foule éloignée. Entre les deux albums il s'est écoulé peu de temps mais l'approche de Vola par l'intermédiaire d'Asger Mygind, le chanteur guitariste à la voix si envoûtante de Vola, a radicalement changé. Il confesse que pour "Applause Of A Distant Crowd", il s'est trouvé dans un état d'esprit plus positif que pour "Inmazes" et a laissé la musique dicter en quelque sorte la teneur des paroles qui s'y attachent. Cela éclaire un constat qui éclate aux oreilles dès la première écoute, le contraste entre "Inmazes" et "Applause Of A Distant Crowd" est flagrant.
Il faut l’affirmer en préambule, Vola n’a pas changé de style. Les Danois œuvrent toujours aussi admirablement dans ce mélange des genres original qui fait entrer en collision le metal et la pop éthérée. L’évolution se fait plus dans le sens d’une modération et d’un remodelage de ses fondements. Là où "Inmazes" émettait une lumière crue et froide en jouant sur les textures synthétiques et l’agressivité des pulsations djent, "Applause Of A Distant Crowd" laisse plus de place aux instruments acoustiques (guitare et piano), installe une section rythmique plus subtile, exprime des atmosphères plus chaudes et une expression émotionnelle explicite.
Ainsi, les plus puissants des titres de "Applause Of A Distant Crowd" ont plus en commun l’urgence d’un titre de Jolly, comme ‘Smartfriend’ qui ressemble à ‘Dust Nation Bleak’, ou la densité d’un Devin Townsend pour ‘Whaler’ que du standard meshuggahien de "Inmazes". La fusion opérée par Vola gagne en relief avec des saturations plus rondes, des riffs au tranchant émoussé et des mélodies toujours plus généreuses et immédiates comme dans l’enjoué ‘We Are Thin Air’, ‘Still’ dont la rugosité du riff est tempéré par un superbe refrain ou ‘Alien Shivers’ au couplet cotonneux. Dans ce cheminement, Vola affiche une sensibilité que l’on ne soupçonnait pas.
On y découvre ‘Vertigo’, un moment de grâce interstellaire, de délicatesse intégrale porté par les ambiances envoûtantes qui rappellent celles de l’excellente bande-son du film "Interstellar" justement et les profondeurs du chant d’Asger Mygind, qui murmure presque ses paroles. On se laisse emporter par l’humeur presque enfantine de la pop suave de ‘Ghosts’ qui emprunte de sa science des atmosphères à leurs compatriotes Danois de Mew, l’apaisant et solaire ‘Ruby Pool’, le léger et allègre ‘Applause Of A Distant Crowd’ ou l’épuré et délicat ‘Green Screen Mother’ dans lequel Asger Mygind se livre, accompagné d’un simple piano.
Avec intelligence Vola fait évoluer sa musique tout en conservant sa spécificité et son originalité. Les Danois ont travaillé leurs compositions en adoucissant les contrastes extrêmes qui apparaissaient dans "Inmazes" et le résultat est magistral avec dix morceaux hautement réussis. "Applause Of A Distant Crowd" est un album dans lequel on entre facilement et qu’il est difficile de quitter.