Si on ne peut que regretter qu'il ait sabordé en 2016 Dawnbringer après vingt ans de bons et loyaux services et dont le "Nucleus" figurera toujours dans notre panthéon, on sait pouvoir toujours compter sur Chris Black pour défendre la cause d'un heavy metal old school aussi vitaminé que jouissif.
L'homme a toujours multiplié les projets, chanteur, bassiste mais aussi guitariste et batteur dans une ribambelle de groupes pour l'heure plus ou moins actifs, de Superchrist à High Spirits en passant par Aktor. Surnommé Professor Black, c'est donc tout naturellement qu'il se lance en solitaire sous ce simple sobriquet grâce auquel on sait d'emblée à qui on a à faire. Et à quoi. L'ancien Nachtmystium restant, au gré de toutes ces activités (musicien ou label manager), fidèle à une expression authentique du genre entre speed metal et NWOBHM, le contenu de ses albums ne laisse ainsi aucune place à l'innovation ou à d'autres styles. Nous pourrions nous en plaindre mais la réussite étant constamment au rendez-vous, ce n'est pas demain la veille que nous regretterons ce choix.
De fait, "You Bastard !" porte sa signature reconnaissable entre mille, de ce chant haut perché typé eigthies à ces mélodies nerveuses qui s'accrochent à la mémoire comme une moule à un rocher. Sa pochette, assez laide, ainsi que son format (c'est un simple EP) ne doivent surtout pas vous faire passer à côté de cette rondelle irrésistible dont les six titres sont autant de bombes immédiates, qui abritent un heavy metal tel qu’il devrait toujours l'être, simple et dépouillé, sans afféterie ni prétention.
Avec l'assurance tranquille du professeur qui enseigne sa leçon depuis des lustres, Chris Black hypnotise son auditoire avec ses mid tempos aussi énergiques qu'implacables et ses riffs qui font mouche. 'When The Devil Walks Again' lui suffit d'entrée de jeu pour nous ferrer avec son feeling à la old Maiden qui d'ailleurs n'aurait pas dépareillé sur un album de Dawnbringer. Entre le remuant 'Act Alone' et le plombé 'Stuck In The USA', entre le rampant 'I've Had Enough' et ce 'Closer To The Blade' où il fait ronfler sa basse, il n'y a rien à jeter de cette (trop) petite vingtaine de minutes qui s'achève sur un 'Last Call' qui résume à lui seul la touche de l'Américain avec son refrain entêtant, sa quatre cordes volubile comme celle de Steve Harris et ses harmonies de guitares.
Modeste par la taille, "You Bastard !" n'en est pas moins indispensable pour tous ceux qui vouent un culte - justifié - à Chris Black !