C’est dans ce contexte de mutation stylistique que le néo-quatuor sort en octobre son deuxième album baptisé "All That Divides". A l’instar des nombreux genres représentés dans l’opus, les ambiances qui caractérisent les neuf titres, aussi différentes soient-elles, se côtoient, s’enchaînent, s’entrelacent. Même sur les titres les plus courts et percutants, les atmosphères divergent et se complètent. Dans cette veine-là, ‘Home’, l’un des singles et des temps forts de l’album, démarre sur un duo guitare/chant calme avant de s’embraser et de décoller vers un refrain percutant où les premiers cris de rage du chanteur retentissent. La hauteur des notes atteinte est simplement hallucinante et la maîtrise vocale est déstabilisante. Will Gardner excelle dans tous les registres, en voix claire comme saturée, et s’impose comme une clé de voûte de la formation anglaise.

Le groupe sait aussi se mettre en avant dans un répertoire plus calme comme sur ‘Aether’ et ‘Accross The Great Divide’, l’occasion pour le chanteur de sortir quelques notes en voix de tête, rappelant le chant du talentueux Einar Solberg de Leprous. Même lorsque les titres s’allongent, les musiciens de Black Peaks conservent là encore une maîtrise totale de leurs compositions. ‘The Midnight Sun’ est certainement le titre qui se démarque le plus dans cette catégorie. Après une première partie énergique, une ambiance atmosphérique s’installe progressivement rappelant la patte de Tool, avant de céder sa place à un final électrique où des vagues de hurlements se déversent dans une violence d’une grande beauté.

Malgré sa jeunesse, la formation de metal alternatif/progressif semble avoir déjà acquis une certaine maîtrise et s’être constitué un son qui lui est propre. La force des titres réside en l’équilibre entre des sections atmosphériques et mélodiques et d’autres beaucoup plus brutes et explosives. Musicalement, il n’y a rien à redire. Le travail est propre, solide, la production impeccable. Le rendu est efficace, accrocheur, mais conserve tout son intérêt au fil des écoutes. Et surtout, le chant étonne, détonne, et sait se montrer tantôt doux et en retenu, tantôt agressif et puissant quand il le faut.