YES ! Un cri lancé qui évoque l'un des plus grands groupes que le progressif ait connu. Tous ceux qui s'y sont intéressé savent néanmoins que la formation est capable du meilleur comme du pire. Sorti après le symphonique "Tales from topographic ocean", "Relayer" est censé relever le défi de succéder à un album devenu référence. Une épreuve rendue encore plus difficile avec le départ de Rick Wakeman, clavier star du groupe, qui préférera enregistrer un album solo plutôt que de travailler avec ses camarades. Il sera remplacé au pied levé par le suisse Patrick Moraz.
Les cinq Yes s'isolent alors à la campagne, accompagnés du studio mobile d'Eddie Offord. De cette collaboration sortira un album véritablement coupé en deux. Sur la première face, emplie par le titanesque "Gates of Delirium" (21 minutes !), c'est une débauche de sons, de virtuosité et d'imaginaire. Une intro technique dans la veine de celle de "Close to the Edge". Des refrains énervés, des soli de guitare ultra-rapides, des ruptures de rythme qui tendent vers l'aliénation. "Gates of Delirium" raconte l'histoire d'une révolution. Au fur et à mesure que le morceau avance, que la batterie s'accélère (Alan White accomplit des prouesses), des bruits de bataille se font entendre. Puis, soudainement, le rythme se casse et tout s'achève sur un hymne planant et féérique. La seconde face du vinyle original contient deux autres morceaux, "Sound chaser" et "To be over", des exercices de style honorables qui tentent en vain d'égaler la force brute de leur grand frère.
Inégal, "Relayer" ? Certainement pas. De nombreux fans nomment ce disque "the Gates of Delirium". C'est dire si l'impact de ce morceau fut grand. Jamais joué en concert depuis 1975, il sera plébiscité lors d'un sondage lancé sur le web par Jon Anderson à la fin des années 90. "Les fans ont massivement voté pour Close to the Edge et Gates of Delirium. C'est la période que nous voulions exploiter dans nos prochains concerts de toutes façons". C'est ainsi que le concert de Yes joué à Paris en 2001 fut ouvert par ce morceau magique, qui suffit à justifier l'écoute du disque entier.