Il était temps de lever un nouveau voile sur le rock progressif belge. On avait pas vu grand chose depuis Machiavel sur la scène progressive belge excepté le "Actors In Play" de Mindgames sorti cette même année. Le chemin du néo-prog étant grand ouvert aux jeunes talents, il ne restait plus qu'à se servir. C'est ce qu'a fait Ghiribizzi avec ce second album, Pan'ta Rhei. Autant le nom est d'une incroyable difficulté à prononcer, autant il restera vite ancré dans votre esprit... Ghiribizzi...
La formation fait fort en nous offrant 75 minutes, correctement réparties en 10 morceaux tous aussi différents les uns que les autres même si l'on y perçoit certaines influences des grands noms du Passé, tels que Genesis ou Marillion de par la musique et la voix.
Détail important : la présence de 3 clavieristes. Certains groupes peuvent se vanter d'avoir 2 voire 3 guitaristes, mais qui a jamais pu sortir un album avec 3 claviers à son bord ? C'était un défi. Brillamment relevé...
Les belges commencent donc très fort avec le morceau japonisant intitulé Asian Love de 14 minutes. Dès le départ, le talent musical des 6 protagonistes se fait ressentir. La batterie donne un genre tribal au morceau, la guitare reproduit une ambiance japonaise bien connue tandis que les claviers portent la voix au ton le plus juste.
Qu'est ce qui, entre autre, distingue un morceau progressif des autres chansons? Les changements de rythme. Là, on est servi. Pas une fausse note, la mélodie semble couler de source.
C'est bien d'avoir 3 clavieristes, encore faut-il savoir les exploiter. "Break Down Soon" en est le parfait exemple. Ce morceau de 5 minutes met en avant un savant mélange de piano et de batterie, accentué par les claviers et guitares. Et ce n'est pas tout ! On avait vu des saxophonistes (Dick Parry) dans des groupes progressifs... Ghiribizzi innove encore en ajoutant de la trompette... Le cocktail en est beaucoup plus surprenant. Encore une fois, les changements de rythme guident le morceau vers l'inéluctable fin.
"Fires Of Hell", 3ème piste est un autre prodigieux exemple des qualités de ce jeune groupe. Même cocktail gagnant : guitares aggressives, claviers doux tandis que le rythme est donné par la batterie. Rien à redire. C'est tout simplement génial.
Bien évidemment, personne n'est parfait. Chacun a ses hauts et ses bas. On a vu les hauts de l'album, arrivent les bas.
Les 3 morceaux qui suivent ne font pas le poids face à l'irréprochable trilogie du début. Avec "Farewell To God", rien d'impressionnant. Le titre de 8 minutes qui propose une lente mélodie s'avère beaucoup trop long.
La descente aux enfers continue avec "The Light" et ce, malgré un refrain plutôt bien arrangé. Dès le début, l'impression d'un groupe qui se cherche se fait ressentir... Dommage... "Remember Paris" relève un petit peu le niveau, avec une voix qui s'adapte aux aigus du piano.
Le groupe se reprend enfin sur "Time", avec une ambiance très progressive faisant penser à des morceaux que l'on retrouve sur "The Visitor" d'Arena. Un refrain accrocheur, une voix qui ne faiblit pas, les 6 musiciens reprennent en main leur album qui avait tendance à leur échapper. Mention spéciale au guitariste qui donne un côté aggressif à la chanson, finement allègé par les claviers.
Il s'ensuit une suite logique de 3 morceaux tout aussi irréprochables les uns que les autres, tant au niveau de la batterie omniprésente sur "Valley Of Gold", qu'au niveau des guitares encore plus rageuses sur "Don't Fear The Unknown". Ces deux derniers morceaux s'apparentent alors à du Rainbow, de par la force déployée par les instruments et la voix du chanteur.
Arrive une fin amère avec "Bitter End", morceau cette fois-ci un peu trop court (3 minutes) étant donné la beauté de la mélodie.
Oscillant entre les douces mélodies offertes par le piano et l'énergie brute des guitares, Pan'ta Rhei est un album particulièrement explosif. La formation vient nous prouver que l'on peut toujours réussir dans un style qui a pourtant déjà été exploré par beaucoup d'autres groupes. Il est certain que Ghiribizzi fera encore parler de lui dans les années à venir...