Au delà des sempiternelles comparaisons avec Judas Priest et du passé ou de l'ego prétendument exacerbé de Ralf Schepeers (qui s'est fait connaître aux côtés de Kai Hansen au sein de Gamma Ray ou pour avoir presque succédé à Rob Halford), Primal Fear est surtout un groupe à l'incroyable régularité. Il est toujours là où on l'attend, sans jamais vraiment ni décevoir ni surprendre. C'est aussi une belle collection d'albums bien produits, puissants et qui connaissent un certain succès, surtout outre Rhin il est vrai. Alors une fois tous ces poncifs écartés, que vaut intrinsèquement ce douzième album ?
Tout d'abord, soulignons une production encore une fois assez énorme. Jacob Hansen apporte son savoir-faire et une oreille externe à Mat Sinner, officiellement en charge du son. Ce duo et une lourdeur bien moderne servent merveilleusement la section rythmique mais aussi une guitare ronflante et massive qui fait des étincelles sur 'New Rise' ou 'The Ritual' qui sonnent un peu comme du Helloween moderne et épais. Le fait que trois guitaristes soient crédités sur cet album n'est peut être pas étranger non plus à cette impression. Sur ces premiers titres, le rythme est assez enlevé ce qui permet d'asseoir Primal Fear dans l'univers du power metal teuton à la fois classique et très contemporain.
Toujours aussi heavy, l'album se déroule dans une atmosphère plus ou moins mélodique avec de belles harmonies, de solos bien pensés, des breaks de qualité même si le tout manque un peu d'originalité. Mais on le sait, la créativité n'est pas l'argument massue de la bande d'Alex Beyrodt. 'King Of Madness' se veut particulièrement accessible et accrocheur. Quelques orchestrations allègent ou introduisent le propos ici ou là comme sur 'Supernova' qui fait office de power ballade dans laquelle Scheepers pousse loin dans les aigus pour notre plus grand plaisir. Ce titre est le pendant le plus mélodique du sextet.
La seconde partie de l'album se fait un peu moins lourde pour se rapprocher d'un heavy plus britannique, avec des riffs vus et revus mais aussi quelques petites touches d'originalité sympathiques au gré d'un pont ou d'une transition bien amenés. 'Eye Of The Storm' fait figure de suite épique savamment construite qui atteint les 8 minutes. Tout s'enchaîne merveilleusement, les lignes de chant sont quasiment parfaites et la musicalité qui se dégage, notamment grâce à l'orchestration travaillée, est enthousiasmante malgré quelques petites longueurs.
Un bien bel album que cet 'Apocalypse' qui ne revêt aucun défaut rédhibitoire. Il suffit de se laisser porter par une suite de 11 bons morceaux sans a priori, servis par des musiciens irréprochables. A défaut de folie et de créativité débridée, Primal Fear fait très bien le boulot. Allez, faites-vous plaisir.