Voix légendaire de Journey, Steve Perry avait jeté l’éponge en 1998 en évoquant une perte de créativité et de motivation. Bien que d’une honnêteté rare, cette démarche avait laissé les fans et ses partenaires du groupe totalement désemparés. La suite des aventures de la formation de San Fransisco est connue avec les différents interprètes qui ont essayé de faire oublier l’inoubliable chanteur. De son côté, ce dernier disparaissait totalement de la scène. Totalement ou presque puisqu’il se réservait quelques rares apparitions aux côtés de sa compagne Kellie Nash. Malheureusement, cette dernière décède d’un cancer en 2012, non sans avoir fait promettre à Steve de reprendre la musique. Déchiré par le chagrin, l’artiste respecte cependant son engagement et recommence à écrire en s’entourant de différents musiciens et compositeurs. Et le miracle se produit : alors qu’il pensait ne créer que pour lui-même, Steve Perry retrouve la flamme et profite de l’occasion pour mettre toutes ses émotions en musique et en paroles. Le résultat sort le 5 octobre et se nomme "Traces", recueil de 10 titres qui met en émoi toute la planète AOR.
Bien évidemment, tout le monde attend que le chanteur nous offre une suite à ses aventures avec Journey et il faut bien reconnaître que le début de l’album semble emporter l’auditeur vers des terres aux effluves dignes de la légende du rock mélodique. Sorti à la mi-août, le premier single ‘No Erasin’ se présente comme un mid-tempo variant le rythme et bénéficiant d’un refrain accrocheur. La voix de Steve Perry s’est recouverte d’un léger voile mais la magie opère à nouveau. Toujours sur un mid-tempo, les ballades ‘We’re Still Here’ et ‘Most Of All’ offrent elles aussi des refrains envoûtants et transmettent une émotion profonde et mélancolique. Quant à ‘No More Cryin’, elle s’aventure sur des terres plus bluesy pour traduire les émotions d’un homme désabusé par un amour trahi. Tout cela est très beau mais il apparaît déjà que pour taper du pied, il faudra revenir sur un autre opus.
En effet, en dehors de l'énergique 'The Sun Shines Grey' écrit et interprété en compagnie de John 5, mélodique et remettant un peu la guitare à l'honneur, le reste n'est qu'une ode à la douceur, la plupart du temps triste. Tout cela est poignant, en particulier les diaphanes 'In The Rain' et 'We Fly' à l'instrumentation épurée et au chant déchirant de justesse. 'You Belong To Me' est également émouvante avec de beaux arrangements orchestraux, mais l’enchaînement de titres lents finit par nuire à l'attention de l'auditeur, même si 'Easy To Love' se révèle un peu chaloupé et que la reprise du 'I Need You' des Beatles pourra surprendre avec son tempo ralenti.
Au final, les sentiments sont partagés après l'écoute de ce "Traces" à la qualité incontestable. Chaque titre fait preuve d'une beauté et d'une émotion poignantes mais il reste difficile de se plonger totalement dans un ensemble manquant finalement cruellement de dynamisme. Bien sûr, les épreuves traversées par l'artiste et son retour inespéré ne peuvent qu'encourager à la plus grande des tolérances, d'autant que le talent de Steve Perry est toujours aussi éblouissant. Il reste cependant à espérer qu'une suite sera donnée à ce "Traces" est qu'elle fera preuve d'un peu plus de dynamisme.