Voilà quatre années que les désormais vétérans italiens de Moongarden n'avaient plus donné signe de vie, sans nul doute en raison de l'agenda plus que chargé de Cristiano Roversi, âme et leader du groupe. Selon l'adage habituel que "mieux vaut tard que jamais", la formation nous revient en cette fin d'année 2018 avec son huitième album, une nouvelle fois illustré de manière splendide par Ed Unitsky.
Et cette nouvelle galette commence par une première claque très rythmée, dont le chorus instrumental initial ne peut que nous rappeler un certain Steve Hackett, tant du point de vue de la composition que des sonorités employées dont l'équilibre est tout simplement parfait. Mélodie facile d'accès, enchaînements soignés, soli de guitare lumineux, 'Here Now' emmène le gros braquet d'entrée de jeu.
Après un 'Step After Step' d'obédience similaire, l'auditeur va recevoir une deuxième baffe avec un 'Run' carrément metal, aussi compact que rugueux, au chant agressif en diable. Passer de Genesis à Metallica, quel contraste ! Mais bizarrement, cette parenthèse reste un cas isolé, puisque la suite de l'album va revenir dans des eaux bien plus balisées, plus conformes au style généralement développé par Moongarden.
Et ce style, nous l'aurons compris, est fortement inspiré par le Genesis de Steve Hackett, et nous le retrouvons aussi bien sur 'Planet of the Absurd', dont la mélodie débridée et les accords parfois baroques, interrompus par un solo central de basse, se résolvent inévitablement par des chorus aux sonorités familières, mais aussi et surtout dans la suite en trois mouvements 'The Immuability' qui, dans sa première moitié (soit la part 1 et une partie de 'Acqua Terra Fuoco Aria') nous abreuve de tout ce qui fait le sel habituel des travaux du guitariste aux doigts d'or. Et il faut bien avouer que Cristiano Roversi excelle plutôt dans le domaine. Cette même suite nous propose par contre une très longue conclusion, qui rappelle sur la forme les travaux de Kate Bush sur 'A Sky of Honey' (album "Aerial"), avec un gimmick répétitif qui se prolonge quasiment à l'infini. L'ensemble se termine par un court instrumental, titre bonus sur la version CD, comme une sorte de clin d'œil aux travaux que Mike Oldfield fit dans sa jeunesse avec David Bedford.
Si ce nouvel album de Moongarden ne révolutionne pas le style désormais établi depuis près de deux décennies par les Italiens, il contient suffisamment de matière pour ravir les amateurs d'un progressif intelligent, fortement inspiré par les années 70 tout en étant empreint de modernité. Les quelques écarts par rapport à cette ligne de conduite seront vus comme autant de bonnes surprises. Une valeur sûre.