Les années 70, quelle belle période ! Musicalement, cette décennie correspond à la naissance du mouvement rock progressif. L’Angleterre est devenue le berceau de cette scène en révélant au monde entier des groupes tels que Jethro Tull, Emerson Lake & Palmer, Yes, et bien d’autres encore. Cinquante ans plus tard, les mélomanes se souviennent encore de cet âge d’or du rock avec nostalgie. C’est dans cette volonté de perpétuer cette musique unique que des groupes comme The Flower Kings ou encore Wobbler ont vu le jour pour transmettre leur héritage aux générations suivantes. The Kentish Spires, nouveau groupe de rock progressif britannique s’inscrit tout à fait dans cette lignée avec leur premier effort baptisé "The Last Harvest".
Et pour cause, l’opus du sextuor anglais sent les seventies à plein nez comme en témoigne le long et très bon premier titre, ‘Kingdom Of Kent’. Long de 11 minutes, le morceau propose un véritable retour vers le passé. Tour à tour, les influences de l’époque s’enchaînent. Le pont ressemble comme deux gouttes d’eau à ‘The Great Gig In The Sky’, morceau mythique de Pink Floyd sur "The Dark Side Of The Moon" tandis que l’intervention du saxophone rappelle le titre ‘Starless’ de King Crimson. Le saxophone est d’ailleurs très présent sur l’intégralité de l’album et vient donner une touche jazzy très agréable comme sur le dernier titre éponyme, dans un registre plus émotionnel avec une fin à la Procol Harum emmenée par des claviers omniprésents.
Entre ces deux titres majeurs, on retrouvera plusieurs titres plus concis aux ambiances différentes. The Kentish Spires respecte ainsi l’équilibre entre les titres longs, plus conceptuels, et les titres courts et immédiats, toujours avec réussite. Le premier single, ‘Clarity’ s’illustre dans un style tourné vers le folk médiéval avec une valse mêlant flûte et violon, tandis que l’excellent ‘Spirit Of The Skies’ est un véritable clin d’œil à la scène Canterbury. Les solos de flûte regorgent sur ce titre sautillant et rappellent immédiatement Caravan. ‘TTWIG’ (pour That’s The Way It Goes) agrandit encore un peu plus la palette des atmosphères proposées par les Anglais avec un son très groovy et un refrain accrocheur. Si musicalement, le sextet ne révolutionne pas le genre, l’originalité viendra de la chanteuse du groupe, Lucy V, qui délivre une performance remarquable avec son timbre grave et chaleureux et mène les chansons d’une main de maître grâce à sa voix aussi inhabituelle qu’appréciable.
"The Last Harvest" est donc un disque solide aux parfums d’orgue Hammond et de mellotron qui ravivera le souvenir des années 70, une époque fructueuse pour le rock progressif, et que l’on peut recommander à tous les amateurs de ce courant.