Kadavreski ? Kesako ? Un partenaire de Viktor Krum joueur vedette de l’équipe roumaine de Quidditch ? Non, c’est en fait le 4e album des français d’Anthemon dont le titre en phonétique est tiré d’un jeu datant du début du XXe siècle (« cadavre exquis ») qui consiste à composer une œuvre par plusieurs protagonistes sans qu’aucun d’entre eux ne sache ce qui a été fait par leurs prédécesseurs.
C’est donc dans cette optique originale et non dénuée d’intérêt que le titre éponyme de 23 minutes a été composé. S’il faut saluer la prise de risque en osant l’exercice de style compliqué, il n’en demeure pas moins que le morceau comporte certaines longueurs et le risque évident de se perdre par un manque de cohérence entre les passages. Malheureusement, l’inexistence de fil conducteur est bel et bien réel… C’est pourquoi on préférera donc les 3 autres titres qui tout en gardant une trame progressive évidente ont une structure plus facilement assimilable et donc appréciable…
En effet, si le groupe œuvre dans des styles aussi éclectiques que le death, doom... dans les profondeurs du métal extrême en général… il n’en reste pas moins profondément progressif comme peuvent en témoigner les structures alambiquées des 4 morceaux composant cet album…
Niveau son, l’atmosphère dégagée par certains passages n’est pas sans rappeler Vintersorg en laissant la part belle aux claviers ou pianos qui associés aux riffs heavy sont particulièrement enivrants en général, géniaux par moment !
Cependant, contrairement au groupe susmentionné, le chant d’Anthemon ne peut rivaliser avec celui du charismatique suédois mais rares sont ceux qui peuvent soutenir la comparaison ! A ce titre, quel dommage qu’une musique si riche soit affublée d’une voix claire si neutre ! En effet, bien que les lignes de chant de Loic Malassagne ne soient pas désagréables au demeurant, elles sont loin de procurer l’enthousiasme procuré par la musique proposée ; elles ne dégagent aucune émotion forte sauf peut-être sur les quelques incursions -proposées par le bassiste- dans le côté black et en particulier sur « Weigth of the Feather » appuyant le côté sombre du titre…
A cet égard, ce dernier titre est sans conteste la pièce maîtresse de cet opus qui en associant atmosphères sombres et lourdes aux ambiances orientales particulièrement bienvenues possède une profondeur supplémentaire aux autres compos… Sans compter, l’épilogue qui est bien jouissif mêlant lesdites atmosphères égyptiennes avec la lourdeur de riffs hypnotiques incessants…
Au même titre qu’un Symbyosis, Klone ou autre Time Curve Symmetry, Anthemon entre dans le cercle très fermé des groupes (français de surcroît) hyper novateurs qui explorent le côté obscur du progressif en prenant des risques au niveau musicalité en mêlant le genre progressif au métal extrême… Anthemon est doublement à saluer en rajoutant une difficulté supplémentaire dans cet opus en s’essayant à l’exercice de style très complexe du « cadavre exquis »…
Afin, de passer le cap restrictif des groupes nationaux prometteurs et novateurs, Anthemon se doit impérativement de mettre en conformité son chant avec sa musique. Dans ce cas, il est fort à parier que nous tenons là un futur grand de la scène progressive extrême !