Nous attendions beaucoup de "The Aftermath", quatrième offrande de Midnattsol, au talent inversement proportionnel à une renommée injustement modeste. Parce que ses prédécesseurs nous avaient enchantés, écrin d'un nordic sympho folk metal glacial et boisé. Parce que si les Norvégiens ont toujours aimé se faire désirer, ils ont cette fois-ci (vraiment) pris leur temps, puisqu'il leur a fallu sept ans pour enfanter le successeur de "The Metamorphosis Melody" ! Parce que cet opus scelle l'alliance avec une recrue de choix, Liv Kristine, laquelle, après s'être fait virée de Leaves' Eyes par son ex-mari, rejoint naturellement le groupe de sa frangine Carmen Elise Espenæs.
Pour toutes ces raisons, nous étions impatients de découvrir ce nouvel album. La déception n'en est donc que plus grande. Non pas que "The Aftermath" soit mauvais, il s'écoute même très agréablement, mais à aucun moment il ne parvient à se hisser au niveau de ses aînés. Son fuselage sonore, au mieux old school, au pire poussif, qui ne lui fait pas honneur, n'est sans doute pas pour rien dans l'impression mitigée qu'il laisse en bouche. Combien les Scandinaves auraient été inspirés de faire à nouveau appel à Markus Stock qui avait produit "Nordlys" et son successeur, qu'il avait enrobés d'un son puissant à la fois épais et cristallin qui fait défaut à cette cuvée 2018.
Une autre absence se fait sentir, celle du guitariste Daniel Droste qui, à la suite de Christian Hector (en 2008), son partenaire au sein de la formation de nautic funeral doom Ahab, a fini lui aussi par quitter le navire. Le vide qu'il laisse explique peut-être la relative fadeur d'un menu qui par ailleurs n'évite pas les longueurs. Du haut de ses neuf minutes, 'Her Mannelig' justifie-t-il cette durée excessive ? Au demeurant non dénué de beauté, ce titre aurait gagné en force avec quelques coups de ciseaux. Ajoutons à cela des aplats mélodiques et lignes de guitare éprouvés ('Ikje Glem Meg') et on obtient au final un effort qui ne laissera pas de durables sédiments dans la mémoire.
Heureusement, la magie qui enveloppait "Where Twilight Dwells" ourle une bonne partie du programme, à l'image des 'Syns Sang', 'The Purple Sky' et surtout l'instrumental tout en progression 'Evaluation Of Time' et ce, quand bien même ces derniers n'échappent pas à un air de déjà-entendu. Louons enfin la performance des deux sœurs Espenæs qui se répondent avec charme et délicatesse. Le chant en norvégien confère à l'ensemble une poésie hivernale et folklorique ('Vem Kan Segla'). Il va sans dire que "The Aftermath" leur doit (presque) tout. Sans elles, il ne serait qu'un disque parmi tant d'autres. Reste que nous espérions bien plus de lui que ce recueil de chansons agréables mais vierges de la profondeur de leurs devancières...