Over Némésis est une formation venue d’Ile-de-France délivrant une musique influencée par Black Label Society, Led Zeppelin, Ozzy Osbourne ou Queen. Ce power trio navigue sur les eaux boueuses d’une musique épaisse, ponctuée de mélodies éthérées. Leur premier album "Wink" esquisse des compositions lourdes dignes de Cathedral et érige une cathédrale noire dont la cime perce une brume saturée de lamentations lancinantes. Mais dans cette antichambre du désespoir, les musiciens intègrent des instants aériens et sensuels.
Une douceur évanescente ouvre l’opus sur un rythme de batterie dépouillé, alors que la tension grimpe petit à petit. En un clin d’œil, les oreilles sont immergées dans des mers tourmentées ('Saint Bâle') qui laissent paraître quelques influences floydiennes. 'Mario and Sergio' habille ensuite cet espace sombre d’un parfum presque gothique où la guitare plonge ses racines dans l’esprit tourmenté de Black Sabbath. Néanmoins le chant clair semble parfois hésitant et déconcertant, flirte avec la limite des tonalités, alors que la voix éraillée semble plus maîtrisée.
'Inside' est un morceau émouvant et bouillonnant dans lequel les arpèges tissent un voile ténu sur lequel s’animent des visions tourmentées et sombres. A la limite death, le morceau fait couler un flot intarissable de sensations variées. 'Light of Hopes' laisse quant à lui traîner ses guêtres du côté de la légèreté lancinante et incantatoire : une sorte de périple serein sur un fleuve habité par l’ombre du Floyd et de ses guitares dépouillées pleines de grâce et d’harmonies diaphanes (‘Cirrus Minor’ ou ‘The Narrow Path’).
Le combo veut marquer de son empreinte le style, en mêlant la tendresse roucoulante à une mayonnaise épaisse et grumeleuse issue d’un terreau saturé de vapeurs grasses, de passages nerveux ou de riffs en acier trempé (‘Until The End’, ‘Across The Stars’). La guitare omniprésente et ultra-puissante de ‘Inside’ - esprit Gibson es-tu là ? - déverse des harmoniques sifflantes multiples qui vrillent les tympans ou des riffs percutants assénés avec grâce, savoir-faire... et un certain sadisme.
Dans ce temple musical, une fusion s’opère entre des passages furieux et des lamentations plaintives, planantes ou plus introspectives. Mais malgré cette collision de genres, malgré des qualités de composition et une maîtrise instrumentale, l’opus est parfois terni par des passages où le chant clair flottant titille l’oreille et dessert les compositions. Toutefois gageons que "Wink" fera cligner plus d’une paupière, notamment celle de l’amateur de puissance et de mélodie sombre.