The Amity Affliction est une formation de post-hardcore australienne qui construit une musique digne de Linkin Park, saupoudrée d'electro. Music Waves avait apprécié “Chasing Ghosts” où la noirceur se conjuguait à une énergie débordante et un esprit pop immédiat. Quelques années plus tard et après pas mal de changements dans l’équipe (la guitare rythmique passant par Chris Burt à Clint Owen Ellis puis à Dan Brown, alors que Trad Nathan délaisse claviers et samples), le groupe publie “Misery”, une rondelle ancrée dans la mélodie et la matière musicale noire. Certes le combo s'approche d'un style plus populaire, mais il le fait avec classe et sensibilité... ne lui jetez pas la pierre tout de suite.
“Misery” est en équilibre entre l’angélique et le diabolique. Le groupe y atténue sa noirceur pour des compositions plus accessibles. Ainsi dès les premières secondes de ‘Ivy (doomsday)’ le son de la batterie est propre, les guitares épaisses mais point trop n'en faut, le chant clair prédominant, les arrangements electro nombreux. La formation aborde son sujet de manière différente, avec humanité et sensibilité. Toutefois l’amertume imprègne des pistes comme ‘D.I.E’, ‘Beltsville Blues’ ou ‘Black Cloud’, qui transpirent d'un désenchantement existentiel. C'est aussi le romantisme noir qui habite l’œuvre, comme sur l'introduction aérienne de ‘Feels Like I’m Dying’, le piano cyclique et cristallin de ‘Burn Alive’ ou les claviers chaloupés et la magnifique voix claire de ‘Set Me Free’. Le point d’orgue sera atteint par ‘Misery’ lorsque les arpèges cristallins résonnent avec dignité ou quand la voix gorgée d’émotion et de désespoir explose... bref, un ravissement pour les sens.
“Misery” est un album plus lisse ou grand public que “Chasing Ghosts”. Les tourments semblent l’avoir déserté, mais c'est une illusion car la noirceur et le désespoir l'habitent. Loin du metalcore agressif et régressif, le groupe frôle un romantisme malsain digne de Depeche Mode ou les ténèbres glauques et opaques de Paradise Lost. Les chansons défrichent les humanités stériles et laissent des traînées profondes qui sont les marques de vies cabossées. “Misery” est un bel objet musical fugace, où le groupe se renouvelle et aspire à une reconnaissance bien méritée.