En 2014, les membres de State Of Salazar nous embarquaient dans leur DeLorean pour un retour dans les années 80 avec un "All The Way" aux effluves dignes des meilleurs opus de Survivor ou Toto, pour ne citer qu’eux. Quatre ans plus tard, les Suédois sont de retour avec un line-up légèrement modifié, le claviériste Stefan Marteson ayant quitté le quintet pour être remplacé par Kevin Hosford. Ce changement a son importance, le nouveau venu ajoutant le chant et la composition à ses interventions derrière ses claviers. Toujours soutenu par le label Frontiers et accompagné par Alessandro Del Vecchio à la production, le gang de Marcus Nygren a pris son temps pour donner une suite à son prometteur premier opus, laissant envisager de réelles évolutions dans sa musique.
D’évolutions, il n’est pourtant que rarement question avec ce "Superhero", ce qui n’empêche pas le combo scandinave d’offrir une nouvelle salve succulente de titres à la fois énergiques et mélodiques. Encore une fois, il est difficile de ne pas penser à Survivor à l’écoute du single ‘If You Wait For Me’ ou de ‘Hold On Tonight’. Les refrains sont accrocheurs et les riffs également, le tout saupoudré de claviers délicieusement kitsch avec une production répondant cependant parfaitement aux critères actuels. La voix de Marcus Nygren étant toujours un parfait mélange des organes vocaux de Toby Hitchcock et de Bobby Kimball (Toto), et la formation de Steve Lukather étant déjà un repère prégnant sur "All The Way", il n’est pas étonnant de retrouver son influence sur ‘My Heart Is At War’ ou sur le monumental ‘Masquerade’. Ce dernier est l’occasion d’une belle démonstration instrumentale de la part de Johan Thuresson et Kevon Hosford qui offrent ici de belles interventions. Légèrement syncopé et doté d’un phrasé typique de la légendaire formation de Los Angeles, ‘Someone I Know’ marque également les esprits.
Mais là où se trouve la principale évolution dans la musique de State Of Salazar, c’est lorsque le claviériste se met au micro pour partager le chant avec Nygren pour un résultat qui fait irrésistiblement penser à Pride Of Lion, d’autant que sa voix n’est pas sans rappeler celle de Jim Peterik. ‘She’s A Loaded Gun’ et le titre éponyme en sont les meilleurs exemples avec une belle énergie et des refrains toujours imparables. Cependant la question se pose de l’intérêt de se priver par moment du chant du frontman, celui-ci étant très largement supérieur à celui du nouveau venu. Un titre tel que ‘To The Wire’ ne manque pas de qualité, mais il aurait probablement gagné à être interprété par Marcus Nygren plutôt que par Kevin Hosford dans sa quasi-totalité.
"Superhero" est finalement un cas d’école en matière d’opus laissant l’auditeur partagé. D’un côté, les Suédois n’inventent rien et recyclent des ingrédients maintes fois utilisés. Mais en même temps, ils le font avec un tel talent, une telle énergie communicative et une authenticité évidente qu’il est difficile de leur résister. Il serait cependant intéressant de voir ce que pourrait donner leur formule s’ils y incorporaient quelques éléments plus personnels. En attendant, tous les orphelins des formations cultes de l’AOR des années 80 se doivent de se jeter sur cet album qui viendra rassasier leur appétit de mélodies trentenaires.