Strangefish est une formation anglaise qui s'est fait remarquer par la "UK Classic Rock Society's" en 2003 lors d'un show mémorable, et qui a enfoncé le clou à la fin de cette même année en sortant "Full Scale", un premier album emprunt de quelques défauts de jeunesse certes, mais pourvu de réelles qualités prometteuses.
C'est donc deux ans et demi après leur premier CD que les musiciens britanniques nous livrent ce "Fortune Telling" attendu par un public mis en appétit par leur précédente production. Si vous avez pris connaissance de la note attribuée, vous ne vous attendrez pas à autre chose que des appréciations élogieuses et, sans ambages, je confirme que Strangefish a parfaitement réussi ce deuxième opus.
L'album est basé sur le concept d'un homme qui rejette cette société de consommation qui vante l'opulence et la célébrité. Mais plus qu'un concept, c'est surtout un contexte dans lequel baignent des titres se succèdent sans vraiment former une histoire continue.
Le style musical de Strangefish est étiquetable néo-progressif, mais sans pouvoir l'attacher à un sous-genre précis. Ici le symphonique côtoie le rock tendance hard et le folk, en passant par le métal (en toutes petites touches !). L'influence la plus évidente serait celle de Marillion période Fish, ne serait-ce que par les claviers dont le jeux rappelle celui de Mark Kelly (entre autres !!). Le chant étant lui plus rock avec des accents qui me font plus penser à Roger Daltrey qu'à Fish !
Coté guitare, là encore l'éclectisme est de mise, puisque les sons métalliques saturés vont cohabiter avec des soli aux expressions progressives (Rothery, Latimer) voir jazzy. Je précise que si j'ai utilisé par deux fois des références au 'métal', je faisais allusion à la tonalité et non pas au genre, car aucun titre n'a la brutalité caractéristique du 'métal'.
Pour clore l'album, Strangefish nous livre une petite jig celtique très enlevée qui parachève le rapprochement avec Marillion, mais qui évoque aussi Mostly Autumn. L'utilisation du violon sur ce dernier titre, mais aussi dans la plupart des compositions, introduit une sonorité Salem Hill qui ajoute au plaisir de l'auditeur.
Vous l'aurez compris, le néo-progressif mélodique de Strangefish est un régal permanent pour les oreilles de l'amateur du genre. N'allez pas y chercher de complexité inutile ou d'ambiance torturée, "Fortune Telling" est beau comme un vieux Marillion et moderne comme un Salem Hill.