Alors que rien ne semblait devoir entraver la marche du combo des frères Millis vers les sommets de l’AOR mondial, "Silhouette" était venu mettre cette belle dynamique en pause en 2016. Sans offrir un mauvais opus, les Australiens semblaient commencer à tourner en rond en recyclant les poncifs du genre sans prendre de risque. Autant dire que la nouvelle offrande de White Widdow se doit d’être à la hauteur des espoirs que le quintet avait suscités jusque-là, d’autant que, pendant ce temps-là, la concurrence scandinave a continué à hausser la barre des exigences.
Intitulé "Victory" et représentant un lever de soleil sur la planète mélodique, le nouvel opus affiche les ambitions du combo aussie et débute sur les chapeaux de roues avec un titre éponyme rapide, dynamique et doté d’un refrain accrocheur et d’un premier solo lumineux d’Enzo Almenzi. Rien d’hyper original, d’autant que les claviers de Xavier Millis sonnent toujours aussi datés des années 80, mais le plaisir est réel et l’on se prend à rêver d’un nouveau vent de fraîcheur auquel White Widdow nous avait habitués jusqu’à l’excellent "Crossfire" (2014). La suite reste de très bonne facture et ne manque pas d’accroches avec ‘Fight For Love’ et ses chœurs enthousiasmants, et le single ‘Second Hand Heart’ aux mélodies finement ciselées et au solo véloce d’un Enzo Almenzi faisant parfois penser à Eddie Van Halen.
Pourtant, sans qu’il puisse être noté de titre réellement faible, le soufflé finit par retomber en raison d’une recette utilisée ad libitum et s’appuyant toujours sur les mêmes ingrédients. Les amateurs des années 80 y trouveront leur dose de mélancolie de cette période bénie des dieux de la mélodie (le mid-tempo ‘Danced In The Moonlight’ ou l’accrocheur ‘Love And Hate’ avec son intro aux claviers typique de ce que pouvaient proposer Journey ou Foreigner). La ballade ‘Anything’ nous ressort le coup du duo chant-piano avec délicatesse mais sans originalité et ‘America’ balance un de ces nombreux refrains aussi vite mémorisés qu’oubliés. Seul ‘Reach Up’ tente une approche un peu plus moderne avec ces claviers en loop et dégainant un des rares soli de Xavier Millis.
S’il est globalement agréable et légèrement supérieur à son prédécesseur, "Victory" reste cependant loin de pouvoir rêver au statut d’opus incontournable. S’ils veulent éviter de laisser définitivement passer le train, les Australiens doivent à tout prix éviter de proposer un troisième album de ce calibre ou bien ils ne pourront plus qu’admirer de loin la concurrence. Dernier avertissement avant la relégation en seconde division !