L'Italie regorge de groupes talentueux à la fantaisie plus ou moins débridée et à la sensibilité plus ou moins exacerbée et ce n'est pas moi qui m'en plaindrai. Jeune formation originaire de Toscane comptant jusqu'à présent à son actif un premier album éponyme paru en 2014, Tacita Intesa nous revient en 2018 avec un nouveau disque intitulé "Faro".
Les parties instrumentales de "Faro" ont été enregistrées en quatre jours dans des conditions live, une prise de risque et une intégrité qu'il convient de saluer, les vocaux ayant été ajoutés a posteriori. Si l'album semble s'orienter sur les premiers titres vers un progressif fortement influencé par les années soixante-dix, très génésien dans l'âme ('Polena', 'Terra') ou mélangeant sonorités spatiales et aquatiques évoquant plutôt Atoll ou Nektar ('Solaris'), l'auditeur s'aperçoit rapidement que le groupe l'a entraîné sur une fausse piste.
Après l'excellente transition que constitue 'Cometa' réussissant l'alliance improbable d'un pop-rock enlevé et raffiné sur les 4 premières minutes et d'un final floydien façon "Dark Side of the Moon", Tacita Intesa aligne deux titres faits d'un mélange de rock alternatif et de progressif musclé tout à fait contemporain, 'Grazie Sears !' et 'Eureka', et un 'Onda Nera' quasi metal où le groupe semble finalement plus à son aise que sur le prog old school auquel il revient en fin d'album pour le meilleur (l'excellent prog-hard-psyché 'Massacramenti') et pour le pire (le plus convenu 'La Città che Sale').
Miroir de cette dualité, le chant d'Alessandro Granelli. Autant celui-ci semble fade et peu charismatique sur les titres les plus old school ('Polena', 'Terra', 'La Città che Sale'), autant il se révèle tout à fait convaincant sur les morceaux les plus électriques ('Cometa', 'Eureka') ou sur l'atypique 'Massacramenti'.
En hésitant ainsi entre prog old school, rock alternatif, hard rock et metal, "Faro" frôle parfois le manque de cohésion. Mais comme toute médaille a son revers, cet éclectisme contient son lot de surprises qui ravivent l'intérêt de l'auditeur à chaque fois que celui-ci menaçait de s'éteindre. Et comme la musique a le bon goût d'être plaisante, cet album permet finalement de passer un agréable moment.