Longtemps cantonné à un side project, Gungfly a pris du galon et s’est imposé comme la formation principale du multi-instrumentiste suédois suite au split du très regretté Beardfish. Ce nouvel opus sort donc un an à peine après l’excellent "On Her Journey To The Sun", troisième album du groupe scandinave.

Musicalement, "Friendship" marche dans les pas de son prédécesseur. On soulignera toutefois la volonté de Rikard Sjöblom de synthétiser un peu plus le travail final puisque le disque dure une vingtaine de minutes de moins que le précédent. Mais si "Friendship" est plus court, il n’est reste pas moins virevoltant et débridé. L’esprit du Suédois est décidément en activité permanente et comme à l’accoutumée, le disque regorge de trouvailles mélodiques, de changements stylistiques, de ruptures assumées, et il y figure toujours ce brin de folie, cette excentricité si caractéristique et emblématique de la patte du musicien.

Le premier single, 'Ghost Of Vanity', ouvre l’album. Comme bien souvent, c’est un son très seventies qui s’offre alors à l’auditeur. Le morceau a beau servir d’étendard à l’album, il n’en reste pas moins fantasque et changeant. Les couplets jazzy cèdent leur place à un refrain très rock et Rikard Sjöblom joue avec les styles, les entrecroisant avec la réussite qu’il connaît tant.

La diversité de l’écriture se retrouve également dans la durée des titres. Deux chansons sortent du lot lorsque l’on jette un œil à la set-list. La première, ‘Friendship’ est l’un des morceaux-phares de l’album. Pendant les huit premières minutes qui le composent, le morceau développe de nombreuses sections musicales diversifiées, tantôt sautillantes, tantôt lentes aux accents psychédéliques, permettant à la guitare électrique de déployer un long solo très à-propos. Les parties chantées s’inscrivent à la perfection dans la continuité de ce long prélude instrumental, donnant lieu à un final de haut vol. ‘If You Fall Pt. 2’ s’inscrit quant à elle dans la continuité de la première partie figurant sur l’opus précédent et la prolonge avec goût et entrain. La figure de style est d’autant plus réussie lorsque l’on voit l’aisance avec laquelle le maître multi-instrumentiste connecte les deux parties, pourtant très différentes de prime abord.

Deux titres plus courts et plus concis sortent également du lot. Si l’instrumental ‘Polymixia’ tirait son épingle du jeu avec ses nombreux changements d’atmosphères sur l’album précédent, ‘A Treehouse In A Glade’, dans le même registre, développe des phrasés de guitares aventureux dans un style teinté de funk par moments et des sections d’orgue Hammond dont le Suédois a le secret. Mention également au dernier titre, ‘Crown Of Leaves’, grâce à son côté mystérieux et notamment à son final très jazzy, emporté par un piano encore une fois impérial.