Hellixxir, ce sont quatre cavaliers de l'apocalypse chevauchant des vibrations épaisses, puisant leur inspiration chez Metallica, Megadeth ou dans les esprits tourmentés de Coroner ou Kreator. La formation qui durant deux décennies a bâti sa personnalité propose aujourd'hui une compilation qui retrace sa carrière et ses titres-phares. Des musiciens différents se succèdent donc sur ce puzzle, tissent un patchwork métallique hétéroclite, changent au fil des années écoulées de visage, si bien qu’il est difficile d’appréhender la personnalité profonde du groupe.
Retours vers le futur, le passé et le présent s’unissent alors que ‘Blood Writings’ débute la compilation. La piste commence par de mystérieux arpèges, puis entame une petite montée en tension où la guitare vrombit, où la voix rugit et où les notes de guitare solitaire vrillent les tympans. Cette première étape laisse donc augurer du meilleur : puissance, noirceur, variations rythmiques et maîtrise instrumentale.
‘XXX’ est à limite du black avec sa batterie trépidante, sa guitare sombre et son chant criard. C’est aussi un bon témoignage de l’énergie scénique déployée par le groupe. Même si la qualité de l'enregistrement n’est pas au rendez-vous, on entrevoit un fort potentiel lorsque la guitare délivre quelques phrases mélodiques fouillées. Quant à ‘Birth of the Evil’, il est également un bon instantané de la force du groupe.
Plus loin dans le passé de la formation, ‘Your God is Nothing’ est une oraison instrumentale qui flirte avec le metal industriel lorsque la basse caverneuse gronde. Puis ‘Constant Fear 1.0’ et sa six-cordes mélodique laissent le costume thrash pour arpenter les chemins d’un metal habillé de noirceur où la voix claire tisse une ambiance mystérieuse.
‘Parasite 2K’ et surtout ‘Stars’ sont des virages à cent-quatre-vingts degrés, comme si en fouillant dans les cartons de son histoire, la formation quelque peu schizophrène découvrait une personnalité opposée mais aussi plus conventionnelle : riffs mélodiques, voix suave et sweeping classieux. Enfin une sorte de ballade aérienne termine cette rétrospective, malheureusement la qualité d’enregistrement ne restera pas dans les mémoires. La déception ou peut-être l’agacement commencent à grandir, car ce titre, bon au demeurant, aurait mérité un dépoussiérage en règle.
En remontant toujours plus loin le fil du temps, de bonnes compositions se dévoilent (‘Mr Hyde’ ou ‘Bloody Mary’) même si encore une fois, leurs enregistrements nuisent à leur lisibilité. Certes leur mise en place est impeccable, les riffs plombés, mais parfois la voix est... flottante (‘Bloody Mary’). C’est d’autant plus dommageable que les guitares y sont chevauchées avec passion et la batterie s'avère entraînante.
Malgré des compositions de qualité, malgré des musiciens qui savent de quoi ils parlent et malgré une énergie constante, cette compilation n’arrive pas à percer les bas-fonds obscurs. Quel choix artistique a motivé le groupe pour sortir un assemblage aussi hétéroclite ? Ceci est d’autant plus dommage que les titres sont bons voire très bons. Un groupe aussi expérimenté aurait mérité mieux qu’un simple patchwork décousu.