Si vous suivez l’actualité de Ghost et notamment la sortie récente de son excellent "Prequelle", alors Magna Carta Cartel ne vous est peut-être pas inconnu. En effet, ce groupe est en quelque sorte l’origine de ce qui sera Ghost. Formé en 2006 par cinq musiciens suédois, Magna Carta Cartel sort son premier album "Good Morning Restrained" en 2009. L'année d'après le projet s’arrête et trois de ses membres (Tobias Forge, Martin Persner et Simon Söderberg) décident de former un nouveau groupe intitulé Ghost ! La suite est connue, la formation emmenée par Papa Emeritus deviendra rapidement le phénomène que l’on connait. Les noms des musiciens de Ghost sont gardés secret à l’époque de sa création mais au fil des années les révélations se succèdent. En 2016, Martin Persner quitte Ghost, révèle qu’il est un des Nameless Ghoul et décide de réactiver Magna Carta Cartel. Un an plus tard Martin et deux de ses anciens comparses des débuts publient l’EP "The Demon King" qui nous intéresse aujourd’hui.
Bien qu’éloignée du style heavy de Ghost, la musique de Magna Carta Cartel contient de nombreux éléments qui se retrouveront dans le patrimoine génétique de la formation de Tobias Forge, notamment une réelle parenté dans la manière dont les deux formations abordent les parties vocales. Il s’est écoulé presque dix ans entre "Good Morning Restrained", passé injustement inaperçu eu égard à ses qualités musicales, et ce nouvel EP mais heureusement la signature de Magna Carta Cartel reste intacte. Dans la forme, les Suédois modifient légèrement leur approche en ne proposant qu’un instrumental quand "Good Morning Restrained" s’en garnissait pour moitié. Dans le fond, on se délecte de retrouver les atmosphères si uniques et l’écriture simple mais subtilement arrangée du trio (la guitare acoustique qui amène un côté folk, les arrangements de ‘Mayfire’).
Et cela débute avec la ballade éthérée ‘The Demon King’ dans un esprit proche de celui qui apparaît sur certaines des compositions les plus accessibles de "Prequelle". Structures immédiates de la pop, tempi modérés entre ballade et mid-tempo, mélodies efficaces et entraînantes (l’excellence surgit dans ‘Turn’), voix nimbées de réverbération, ambiances prenantes (l’instrumental mystérieux et onirique ‘Mayfire’) et tonalités solaires (le folk ‘Sway’ et son riff de guitare lumineux) sont les ingrédients que l’on retrouvera dans l’ensemble des morceaux de cet EP. Les légères variations concernent ‘Jennifer’ (une reprise du titre de Bert Sommer de 1968) qui installe un climat plus clair-obscur et ‘Turn’ qui déborde sur un rock plus enlevé.
"The Demon King" est court mais balaie une grande partie du répertoire des Suédois, créant un léger sentiment de frustration qui, on l'espère, sera comblé par la sortie prochaine d'un LP. Martin Persner et ses musiciens ont réveillé le groupe d'une longue hibernation et rien ne semble plus les empêcher de le faire vivre durablement, pour notre plus grand plaisir.