Le trio norvégien Oak a déjà fait paraître un album sous format digital cinq années auparavant ("Lighthouse") et nous revient en cette fin 2018 avec un nouvel opus ("False Memory Archive"), intégrant au passage un second guitariste à sa formation, et profitant une nouvelle fois de la présence d’un guest de luxe en la personne du guitariste Bjorn Riis (Airbag).
La proximité avec Airbag est assez évidente. Il règne sur cet album une mélancolie toute norvégienne trouvée également avec Gazpacho ou Nordagust (voire avec les Suédois d’Anglagard), évoquant l’automne, l’humidité et la brume lors d’une promenade forestière sous un manteau chaud. Les ambiances soigneusement tissées s’insinuent lentement dans l’esprit, centrées autour de l’ "Intermezzo" qui reprend la première partie du célèbre "Clair de Lune" de Claude Debussy. Si la finesse des arrangements et une certaine discrétion dans l’interprétation vocale rappellent l’excellent "Essence" d’Addiction Dream, Oak ne dédaigne pas piocher dans des montées atmosphériques anathémiennes ('Psalm’) ou dans des éléments post rock (l’introductif 'We, the Drowned', le titre le plus dynamique). Les arrangements sont souvent minimalistes ('Transparent Eyes' avec sa fin intimiste et triste), mais le groupe sait poser de surprenantes sonorités orientales ('Claire de Lune') ou un sax qui pleure et hurle comme un animal blessé, témoin l’excellent 'Lost Causes' avec ses accalmies soudaines, auquel le seul reproche adressé sera sa fin en fade out.
Si la prestation vocale de Simen Valldal Johannessen apparaît plutôt neutre, elle participe en fait à l’atmosphère mélancolique générale, car il n’hésite pas à utiliser une voix très grave ('Lost Causes’) ou même parlée ('The Lights’, dont le début évoque de manière surprenante le 'Nocturnal Conspiracy' de Haken), qui installent le climat de façon très efficace. Les morceaux s’enchaînent alors sans monotonie, gardant une très agréable assise mélodique sans aucun temps mort. Même le titre éponyme, le plus direct, sait trouver dans ses chorus une solennité inattendue qui donne de la profondeur au morceau. 'Psalm 51' est un très joli titre de clôture avec des sonorités délicates à la Anthony Phillips et de nouveau un saxophone qui évoque 'Crime of the Century'.
Amateurs d’ambiances mélancoliques et mélodiques, ne passez pas à côté de ce petit bijou. Avec ses ambiances soigneusement travaillées, "False Memory Archive" apporte une douillette impression de confort face à un environnement incommode. Le genre d’album que l’on n’a pas envie d'enlever de son lecteur.