Quatrième album pour Scherzoo avec la suite des aventures de François Thollot qui, au-delà d'une carrière en son nom propre, mène également une aventure de groupe, même si une nouvelle fois, la moitié de celui-ci a bougé depuis la parution précédente. Et si l'imagination du bassiste s'avère plutôt débridée sur le plan musical, force est de constater que celui-ci se contente du minimum pour titrer ses productions, puisque celle-ci est pompeusement baptisée "04", faisant suite à ses prédécesseurs que furent "03", "02" et… vous l'aurez deviné, "01".
Au-delà de l'anecdote, l'essentiel se situe bien ailleurs et l'équipe réduite pour une fois à un simple quatuor (sans guitare !) va nous convier une nouvelle fois à un festin de Rock in Opposition, mâtiné de quelques influences zeuhliennes.
Première constatation pour les habitués de l'univers de l'artiste, l'absence de saxophone, ce qui dénote un véritable changement dans l'univers du projet, tant ces sonorités ont pu marquer le paysage des précédents albums. Du coup, la musique proposée sur ce "04" apparaît plus légère et les côtés parfois irritants liés à l'utilisation de stridences issues de cet instrument ont du coup disparu.
Pour ceux qui restent étrangers au RIO, 'Three Dimensional Disorder' va se révéler comme une entrée en matière parfaite : fortes influences jazzy, rythmiques très syncopées faisant fi des conventions habituelles et dialogue entre les claviers, chacun d'entre eux produisant sa mélodie en propre, le tout soutenu par une basse très inspirée. Plutôt accessible, cette première page se déguste d'une traite, pour peu que l'on y prête une oreille attentive.
Les autres plages poursuivent dans la même veine, avec toutefois une complexité qui se densifie au fil des minutes, rendant l'écoute peut-être moins évidente pour les non-avertis. Les différents thèmes restent construits sous forme de dialogue, principalement entre les claviers, mais ceux-ci laissent suffisamment de place aux deux autres instrumentistes pour se mettre en valeur. Néanmoins, le groupe use et parfois abuse du processus de répétition jusqu'à plus soif ('Le Funambule' par exemple) et cela conduit à étioler quelque peu l'attention de l'auditeur qui, pour recevoir une musique défiant les codes rythmiques et harmoniques habituels, doit être soutenue pour en recueillir toutes les subtilités. Il en va ainsi du beau dialogue basse/piano de 'Kangouroo', mais aussi et surtout de 'Crime et Châtiment' qui voit la batterie monter progressivement en chauffe pour terminer sur une mécanique impressionnante, mais qui passera presque inaperçue aux oreilles d'un auditeur distrait en raison d'un mixage en arrière-plan trop peu soutenu.
Musique exigeante mais pas trop, "04" mérite que l'on y jette une oreille attentive, que l'on soit adepte ou pas du Rock in Opposition. Avec cette nouvelle production, Scherzoo montre une certaine évolution par rapport à ses précédents travaux, exploitant à plein la liberté de style et de ton offerte par ce style de musique. A découvrir.