Le multi-instrumentiste émérite a donc composé la totalité de l’album à lui tout seul et assuré la majorité du chant, des guitares et des claviers lui-même. A l’instar d’une prog star, Stolt s’est entouré d’une véritable dream team de musiciens d’envergure internationale comme en témoigne la présence des quelques membres historiques des Flower Kings (Hasse Fröberg à la guitare, Jonas Reingold à la basse, Michael Stolt à la basse et au chant), et d’autres  collaborateurs de renom, comme le grandiose Marco Minnemann à la batterie, avec lequel il a collaboré sur l’album de The Sea Within notamment.

Musicalement, la dimension mélodique occupe une place prépondérante sur l’opus comme le laisse augurer la présence de trois titres purement instrumentaux. La patte du maestro est évidente sur ‘Rio Grande’ qui fait de l’œil à Transatlantic époque "Kaleidoscope" avec ses ambiances changeantes chères aux seventies, tandis que le virevoltant ‘The Alchemist’ est un pur produit jazzy totalement fou et débridé. Les interventions très à propos de Rob Townsend au saxophone soprano renvoient par moment au fameux ‘The Holy Drinker’ paru sur l’album "The Raven That Refused To Sing" de Steven Wilson, album sur lequel figure justement… Marco Minnemann à la batterie !

Ce manifeste de l’alchimiste renferme aussi quelques titres plus aboutis et plus développés comme l’impérial ‘Ze Pawns’, morceau grandiose à la dimension classique et symphonique prédominante rappelant le dernier album de Kayak. Comme souvent, soulignons au passage le gros travail aux claviers et l’apport des phrasés de guitare très à-propos, marquant la set-list de l’album au fer rouge. ‘High Road’, titre le plus long du haut de ses douze minutes fait également partie des morceaux-phares du disque. On y retrouve les différents gimmicks du roi des fleurs, des changements d’atmosphères, des juxtapositions de sections initiant de nouvelles dynamiques. Le travail de Stolt avec Jon Anderson de Yes se ressent particulièrement sur la fin du morceau, notamment au niveau du toucher de guitare qui rappelle fortement le légendaire groupe anglais.

Comme le confesse le musicien suédois, les chansons sont écrites dans un style "très peu orthodoxe". Certains riffs utilisés ont même vu le jour avant la parution du premier album des Flower Kings en 1994 ! Cela explique certainement que certaines transitions manquent un peu de liant ou de feeling pour accrocher réellement l’oreille, même après de nombreuses écoutes, un reproche plutôt récurrent dans la bouche des fans.