On se souvient tous de 'Delilah', tube d'été pour les ados romantiques en 2006 . Si la chanson a été matraquée sur toutes les radios, en revanche le nom du groupe n'est pas passé à la postérité et pour cause. Plain White T's, puisqu'il s'agit de lui, est un groupe de punk visant clairement un public de jeunes, sa surprenante ballade était une façon de s'aventurer ailleurs. Ce désir d'escapade en dehors des bases punks s'est concrétisé par 'The Wonders Of The Younger', qui s'orientait timidement vers la pop.
Leur septième album studio "Parallel Universe" va totalement tout remettre cause, comme si Plain White T'S avait été avalé par un vortex musical. Dans cet univers parallèle, le groupe délivre un mélange de pop et d'electro axé sur les années 80 ! Ce grand chambardement risque de décoiffer les crêtes. Plain White T's passe à la vitesse supérieure comme si ses origines punk avaient été une errance. Toutefois, il conserve de son passé sa volonté de mettre l'accent sur l'efficacité.
Plain White T's a les moyens de nous faire danser. Ici, les sons electro sont conviés avec chaleur et viennent mêler leur saillie à des sons plus pop, funk ('Sick Of Love', 'End Of The World') voire parfois rock ('Top Of The World' et son introduction inquiétante). Le groupe peut compter sur la voix de son interprète Tom Higgenson dont le chant acrobatique se fait envoûtant sur 'Bonnie I Want You' au rythme trépidant ou sur le pesant 'Lying About Me And You' et son pendant 'End Of The World', petits chefs-d'œuvre de revival 80's qui se placent aux côtés du premier album de Ministry. Sa voix douce offre deux successeurs à 'Delilah', 'Bury Me' (peut-être perturbé par les chœurs intempestifs et hors de propos) et le surprenant 'No Imitations' qui commence comme une ballade douce avant que le chant ne se révolte sur les refrains.
Toutefois, même s'il est alléchant, l'ensemble manque d'équilibre. On regrettera que le groupe brûle quelques cierges à l'autel de la mode. 'Light Up The Room' constitue un faux départ, la faute à son refrain plat, son chant maniéré et artificiel. Le riff de synthé sur les refrains de 'Call Me', conforme au son minimaliste contemporain, s'avère déjà obsolète et ruine les efforts d'intimité sur les couplets, tout comme 'I Should Be Dead Right Now', avec un refrain répété ad nauseam absolument pas à la hauteur de la violence métallique des couplets, ou 'No Tears' qui joue la carte des vocoders. En regardant de plus près, certains morceaux semblent assez interchangeables voire superflus ('Your Body' une énième ballade qui se distingue toutefois par la guitare imitant des feulements de chat, 'Lips' que l'on aurait pu appeler 'Encore Une Ballade'), ce qui témoigne d'une certaine continuité avec les précédents punk. Plain White T's aime être généreux avec ses auditeurs (plus de 50 minutes de musique) mais oublie à chaque album que quantité n'est pas toujours qualité. Selon toute apparence, le groupe n'a pas changé son écriture et les textes s'adressent aux adolescents...
Si aujourd'hui la nostalgie fait lorgner quelques groupes vers les brillantes années 80, généralement - et à tort - considérées comme un désert musical, le résultat n'a rien d'un plagiat éhonté de sons révolus. Plain White T's s'affranchit du punk pour sauter plus haut et nous offrir un album mêlant pop et electro. Malheureusement, le résultat n'est pas toujours à la hauteur, la faute à la platitude de certains morceaux et certains maniérismes contemporains Accuser le groupe de faire du neuf avec du vieux ou d'avoir signé un pacte avec le diable Business n'a cependant pas de sens. Plain White T's recycle son écriture dans un contexte plus pop, l'essai est à moitié transformé et un prochain album devra confirmer les nouvelles attentes pop placées sur les épaules du groupe américain.