Marcus King fait partie de ces petits prodiges de la musique qui ne peuvent que mettre tout le monde d'accord. En effet, avec un premier album sorti en 2015, le guitariste, du haut de ses 19 ans, en impose déjà. Son chant éraillé et sa sobriété éclatent à la face du monde. Trois ans plus tard, il fait ses confessions, à l'occasion de son troisième opus, à seulement 22 ans donc avec ce "Caroline Confessions" qui installe le phénomène parmi les bluesmen à suivre de près.
C'est une collection de 10 titres, pratiquement intégralement composés par ce jeune artiste, qu'il nous est proposé d'écouter ici. Nous avons affaire à un génie annoncé de la six-cordes mais ce qui frappe au premier abord, c'est cette voix légèrement éraillée qui rappelle les cantatrices de soul autant que les chanteurs de blues. Il y a à la fois de la légèreté, que l'on peut attribuer à la jeunesse, et cette authenticité qui caractérise les vieux loups solitaires qui ont déjà bien vécu. Ce chant assez spécial qui peut ne pas plaire renvoie plutôt à la souffrance voilée d'une Janis Joplin ou d'une Aretha Franklin qui n'aurait pas encore pris son envol. Avec ce souffle court et cette interprétation très personnelle, King marque des points et ne peut être taxé de vouloir rentrer dans un moule commercial fait de facilité, enfonçant des portes ouvertes.
Côté musique, on se situe du côté du blues rock, de la soul music ou encore du folk sudiste. Avec des cuivres (saxophone, trompette ou trombone) assez présents, un clavier très moteur et une section rythmique précise et, pour le coup, assez expérimentée, la guitare de Marcus King se fait tantôt discrète tantôt explosive. Elle se veut parfois suave, avec un son clair assez souple. D'autres moments laissent s'exprimer une sonorité plus tranchante mais qui ne prend qu'épisodiquement le dessus, démontrant une certaine humilité. Car il est plutôt question ici de modestie, avec des musiciens au service de la musique. Les morceaux ne sont pas nécessairement d'une folle originalité mais, encore une fois, à 22 ans, le Monsieur n'a rien à envier à ses aînés.
C'est donc avec bonheur qu'on peut écouter cet album assez varié et constitué de jolis morceaux qui manquent néanmoins parfois d'un peu de maturité pour que la sensibilité, que l'on devine importante, puisse s'étaler au grand jour.