En 2015, la ville de Nantes a vu une nouvelle formation de metal progressif émerger : Nothing But Echoes. Après trois ans de gestation, le sextuor sortait son premier album en octobre, "We | Are".
Si les Bretons utilisent l’anglais comme langue d’expression, le dixième et dernier morceau de l’album comporte en revanche quelques phrases en français, dans les dernières secondes du disque. On y entend notamment la phrase : “Nous ne sommes plus que des échos. Des échos qui s’éteindront avec le dernier homme, alors que les lumières mortes resplendiront ». A elle seule, cette phrase résume l’esprit de l’album, un album plongé dans une ère post-apocalyptique. Préparez-vous donc à embarquer dans un monde en pleine déchéance au cours d’un voyage baigné de noirceur.
Musicalement, le sextuor est parfaitement en place. Rien ne bouge, les mélodies sont lourdes, les guitares tranchantes, la batterie et sa double pédale sont grondantes. L’excellent mix est également à saluer, et la production particulièrement réussie met en lumière la musicalité tantôt planante, tantôt violente des dix compositions.
Les mélodies sont globalement mélancoliques et surtout, les changements d’ambiance y sont légion. ‘Owe Nothing’, premier single de l’album est à lui tout seul un condensé du son proposé par les Bretons, avec des guitares dissonances, ravageuses et puissantes, un refrain accrocheur, des synthés solides en support des autres instruments, un chant déchirant de fureur, une batterie omniprésente. ‘The Course Of The Disease (Part I)’, plus court, s’inscrit dans la même ambiance teintée d’obscurité envahissante et distille une violence brute et dévastatrice.
Si Nothing But Echoes s’illustre avec brio sur des titres courts et percutants, le sextuor sort aussi son épingle du jeu sur des morceaux plus alambiqués et complexes. Quoi de mieux pour illustrer ces propos que ‘Silent Evolution’, long de ses dix minutes et son début angoissant et épique. ‘No Cure’, en fin d’opus, offre également son lot de satisfactions. Avec ses variations d’atmosphères, ses nombreuses trouvailles, ses déclinaisons abondantes et son outro paisible au piano, il a tout d’un grand titre.
Vocalement, le rendu est également impressionnant. Le chant de Marc Roquecave est à la fois empli de douleur et de rage. Sa palette vocale est d’ailleurs remarquable. Le chant clair, le chant hurlé, et le chant saturé cohabitent ainsi tous ensemble pour créer une symbiose réussie.
Enfin, "We | Are" est doté d’un aspect cinématique très plaisant. A l’instar d’un film, l’album commence par une intro (‘We Are’) à l’ambiance mystérieuse, et se termine sur ‘The Course Of The Disease (Part II)’, morceau grandiose où plane l’ombre du groupe français Hypno5e avec ses voix off en français qui concluent le titre dans un registre ambiant et grave parfaitement à propos.
Malgré sa jeunesse dans le milieu musical, le sextuor nantais a tout d’un groupe professionnel qui offre avec "We | Are", un premier effort d’une grande solidité. Nothing But Echoes fait donc partie des formations de metal françaises prometteuses à suivre avec la plus grande attention !