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""Can U Cook ?" de Seasick Steve est un album à l’image de son auteur : fabriqué et factice."
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Le plan devait se dérouler sans accroc. Le public voulait du vintage, Seasick Steve allait leur en donner. Il fabriqua sa légende de clochard magnifique né Steve Wold en 1941, revenu de toutes les galères et de toutes les misères de l’existence. Les vieux bluesmen ont la côte, surtout s’ils prétendent conter leur vie d’errance dans leurs chansons. Affublé de la panoplie complète du parfait looser, Steve sortit le grand jeu : les petits boulots, la prison, les fringues sales, le visage buriné par le soleil et la vie dans la rue, les cordes de guitare qui cassent et qu’on ne change pas faute d’argent, les instruments de bric et de broc fabriqués dans des matériaux de récupération. Les hispsters en mal d’exotisme ont adoré, surtout en Europe. Ils tenaient un artiste sorti du caniveau et révélé sur le tard, un vétéran du rêve américain. Résultat : des centaines de milliers de disques vendus depuis son premier album "Cheap" en 2004. Plus c’est gros plus ça passe.
Mais en 2016 le journaliste Matthew Wright fit vaciller la légende. Sa biographie de Seasick Steve révèle un tout autre personnage, né dix ans plus tard en 1951 et dénommé Steve Leach, ancien bassiste du groupe hippy Shanti à la fin des années soixante, membre du groupe disco Crystal Grass dans les années soixante-dix et musicien de session à la demande depuis. Le faux hobo s’avère être un vrai mytho au passé bien moins romantique qu’il veut le faire croire. Steve doit bien rigoler, il a réussi son coup de toute façon. Il y a fort à parier que c’est la légende qui survivra dans les médias, comme tant d’autres dans l’histoire du rock. Qu’importe après tout si la musique est bonne.
Seulement voilà, la musique ne ment pas. Seasick Steve est obnubilé par son personnage fictif et par l’impérieuse nécessité de développer le côté roots de ses compositions pour garder un semblant de crédibilité. Si bien que l’auditeur est totalement exclu de cet univers fabriqué tant il manque d’âme et d’authenticité. L’ennui prend alors bien vite le pas sur la curiosité. Les instruments exotiques utilisés sur certains titres, Trance Wonder à trois cordes (‘Hate Da Winter’), Diddley Bow à une seule corde (‘Can U Cook’) ne sont que la caution d’un minimalisme surjoué qui peine à masquer le vide de la musique et la vanité de son propos. Les blues électriques, maintes fois entendus, ne développent aucune idée originale (‘Down Be Road’, ‘Shady Tree’) malgré le soin apporté par le musicien à les rendre gras et terreux et les slow blues sont si simplistes et répétitifs qu’ils ne provoquent aucune réaction mis à part des bâillements polis (‘Chewin On Da Blues’, ‘Get My Drift’).
Pris à son propre piège, Seasick Steve nous livre un album hors sol, un comble pour un artiste censé être issu du terroir dont sont faits les vrais bluesmen. Seules les deux ballades country folk ‘Sun On My Face’ et ‘Last Rodeo’ laissent entrevoir un peu la personnalité et la sensibilité de l’artiste. Elles ont au moins le mérite de sauver l’album du néant. Pour le reste, "Can U Cook ?" est à l’image de son auteur : fabriqué et factice.
Plus d'information sur
http://seasicksteve.com/home/
LISTE DES PISTES:
01. Hate Da Winter 02. Sun On My Face 03. Can U Cook? 04. Last Rodeo 05. Down De Road 06. Chewin' On Da Blues 07. Shady Tree 08. Lay 09. Locked Up And Locked Down Blues 10. Young Blood 11. Get My Drift
FORMATION:
Dan Magnusson: Batterie Luther Dickinson: Guitares Seasick Steve: Chant / Guitares
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