Prophetic Scourge est une formation originaire du sud de la France à la musique sombre et aux compositions épaisses comme les hydrocarbures engluant de malheureux cormorans. Après une première démo “Corrupt Karmic Invigilators” qui posait les bases d’un style percutant et racé, leur premier album reprend les architectures ainsi que certains morceaux de leur premier galop d’essai. Leurs compositions ont un pied dans la tombe et l’autre dans le maelstrom bouillonnant d’évolutions progressives, soulevant une poussière âpre au gré des circonvolutions musicales labyrinthiques de ce "Calvary".

Dès l'entame, les coups de boutoir de percussions percent les chairs tels les clous des cénobites vicieux de Clive Barker, puis la guitare brutale imprime dans les cervelles  un leitmotiv hypnotisant (‘Confrère de la Miséricorde’). Un rideau s’ouvre alors sur un théâtre humain grotesque. 

Sur un fleuve progressif impétueux où toute rencontre est possible, le groupe expulse des rythmes plombés, des passages techniques diaboliques, des solos bluffants, une voix caverneuse monstrueuse (comme sur ‘The Apostate - Enlightening Inviting Denial’), des cris épousant des intonations black (‘The Witchfinder - Until Your Flesh Departs’), des pig growls modernes (‘The Flagellant - Whipping To Epiphany’)... Cette variété omniprésente conduit vers la révélation d’une sincérité désarmante (‘The Cultists - The Rise Of The Great Lord Cthulhu’). 

La formation délivre des instants raffinés d’une musicalité surprenante, mais les passages de technique pure sont multiples (sweeping fluide lors de l’intervention solitaire de ‘The Apostate- Enlightening Inviting Denial’). Par ailleurs les envolées solitaires sont sans cesse portées par un désir mélodique, comme sur ‘The Medium - A Spider Goddes Is Revealed’, lorsque la six-cordes avide de puissance émet des traits lumineux éblouissants. La horde sauvage est lancée, réduisant en miettes tout sur son passage. 

Les musiciens aiment aussi la transgression, car là où certains restent dans un carcan, Prophetic Scourge maître de la noirceur, étire ses compositions au-delà du raisonnable et des habituelles trois minutes trente de coït violent. Les digressions instrumentales multiples entre tensions, relâchements, cavalcades effrénées, jouent ainsi avec les styles et soumettent nos sens à rude épreuve (‘The Cultists- The Rise Of The Great Lord Cthulhu’). 

Progressif, puissant et technique, moderne et racé, “Calvary” est un opus qui ne laisse pas indifférent. Entre black, death historique, variations mélodiques et metal moderne, la formation tisse une toile gluante. “Calvary” va à la vitesse d’un cheval au galop grâce à des techniciens habiles, et laisse derrière lui, par la puissance de son pas, une empreinte que le temps ne saurait effacer.